Chaque année, de nombreux chrétiens se tournent vers Marie et la prient durant le beau mois de mai. On a coutume d’appeler ce mois ‘Le mois de Marie’ et de multiplier, en plein coeur du printemps, les actes de dévotion mariale.
Cette tradition plonge ses racines très loin dans l’histoire du peuple chrétien. Au Moyen-Age déjà, des scribes jouent avec le mot latin maia et écrivent madona. Le roi de Castille Alphonse X, au XIIIe siècle, parle de jours consacrés au culte marial en mai. Certains offrent des fleurs à la belle Dame, alors que la flore est en pleine éclosion. Au XVIe siècle, à Rome, saint Philippe Néri se plaît à fleurir la Vierge avec les enfants de l’église de sa congrégation, la Chiesa Nova. Progressivement, la dévotion s’étend. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les jésuites oeuvrent beaucoup à la diffuser dans toute l’Italie.
En 1815, le pape Pie VII l’approuve officiellement. Elle se répand alors partout dans le monde et devient patrimoine commun de l’Eglise universelle. En 1945, Pie XII l’encourage en plaçant le 31 mai, pour clôturer le mois, la fête de Marie Reine, aujourd’hui célébrée le 22 août.
Paul VI, dans son encyclique Mense Maio de 1965, fait de même et appelle les chrétiens à prier Marie pour la paix durant le mois de mai : nous sommes en pleine guerre froide. En 2020, alors que la pandémie de Covid-19 fait rage, le pape François renouvelle l’encouragement pontifical en invitant les fidèles à prier pour les malades.
Un bouquet pour la belle dame

Si les chrétiens ont depuis si longtemps ressenti le désir de prier plus particulièrement Marie durant le beau mois de mai, c’est parce que durant ce mois, la nature revit, fleurit, se pare de magnifiques couleurs. Ils sont heureux de se tourner vers la toute belle quand la création se fait resplendissante de beauté. Les fleurs, tout spécialement, contribuent à cette beauté. Et en offrir à Marie, en mai, quand elles sont si jolies, c’est lui dire qu’elle est belle. C’est lui exprimer notre amour pour elle, comme un enfant qui offre des fleurs à sa maman.
À Beauraing, l’aubépine dans laquelle Marie est apparue fin 1932, début 1933 fleurit en mai. De splendides fleurs roses entourent pendant quelques jours la statue de la Vierge au Coeur d’Or. Les pèlerins sont nombreux à venir déposer un bouquet en ce lieu où la Reine des cieux s’est montrée à cinq enfants, qui n’ont jamais trouvé de mots assez grands pour dire sa beauté. Ils viennent parfois en procession présenter leurs gerbes à la belle Dame, comme l’a appelée Albert Voisin, un des cinq enfants qui ont eu la grâce de la voir.
Aller à Jésus par sa Mère
Ces fleurs, comme toutes les belles choses qu’ils peuvent lui offrir, accompagnent leurs prières. Fleurir Marie, c’est lui dire qu’elle est belle et qu’on l’aime. C’est cela qui lui plaît. Elle est heureuse d’accueillir les fleurs et tous les cadeaux qu’on lui présente quand ils expriment de belles prières qui viennent du coeur. N’a-t-elle pas dit, à Beauraing et en bien d’autres lieux, de prier ? La prière d’un coeur sincère, c’est une fleur magnifique pour elle.

Le chapelet est une prière qu’elle affectionne tout particulièrement, car quand on prie le chapelet, on va à son Fils Jésus en passant par elle. Durant le mois de mai, les chrétiens prient plus régulièrement le chapelet dans les lieux de pèlerinage, dans les paroisses, mais aussi à la maison ou encore dans de petites chapelles ou devant des potales. Dans le village de Baronville où je suis curé, des paroissiens ont jusqu’il y a peu, prié le chapelet devant une statue de la Vierge de Beauraing durant le mois de mai. De mystère en mystère, ils ont médité les grands moments de la vie de Jésus
avec Marie : quelle belle prière !
Pour ceux qui souffrent
Des enfants offrent des dessins, des jeunes déposent des galets blancs sur lesquels ils ont écrit leur prénom, des seniors postent une lettre devant le lieu des apparitions dans laquelle, souvent, ils parlent de leurs enfants et petits-enfants, des dames font don de leurs bijoux… Multiples sont les
dévotions mariales que les fidèles pratiquent durant le joli mois de mai. Toutes touchent le coeur
maternel de Marie, qui aime chacun de nous. Beaucoup intercèdent quand ils se tournent vers elle. Il est bon de la prier pour toutes les personnes qui souffrent, en pensant plus particulièrement aux souffrances les plus aigües de l’heure. On fait alors ce à quoi les papes nous invitent.
Dans les années 1960, en pleine guerre froide, Paul VI a appelé les chrétiens à prier Marie pour la paix durant le mois marial. Aujourd’hui, le pape François nous encourage à confier à la Vierge Immaculée les malades et spécialement ceux qui sont victimes du coronavirus.
En ce beau mois de mai, tournons-nous vers Marie et présentons-lui nos vies, celles de nos proches, les réalités dans lesquelles nous vivons, la vie de notre Église et celle du monde. Prions-la pour les personnes qui souffrent et, en ce moment, pour les victimes de la pandémie. Avec une grande liberté, parlons-lui comme on parle à une mère et ouvrons-lui nos coeurs. Elle prendra toutes nos intentions dans le sien et les déposera dans le coeur de son Fils Jésus. Offrons-lui les fleurs de notre prière cordiale, pleine de confiance et de charité.
Abbé Christophe Rouard
Sanctuaires de Beauraing