Signes et miracles

Tout au long de la saison des pèlerinages, il arrive de plus en plus souvent qu’entre les grands groupes de pèlerins seule une poignée de fidèles se rende au sanctuaire aux jours de semaine. Mais cela ne nous empêche nullement de célébrer l’eucharistie ou de vivre nos temps de prière habituels. Jésus n’a d’ailleurs pas placé la barre très haut : « En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20).

Le petit groupe a un avantage : on se parle plus facilement et l’un ou l’autre confie pourquoi son cœur est si attaché à Banneux. Après la bénédiction des malades, Kurt m’a raconté comment, lors d’un pèlerinage, il avait été guéri de crises d’asthme alors qu’il était un petit garçon de trois ans. Depuis 60 ans, il peut à nouveau respirer à pleins poumons. Une dame a raconté comment son père, qui était à la mort, est revenu à la vie grâce à quelques gouttes d’eau de la source. Elle et sa mère étaient d’accord : « Vu son état, nous ne pouvions pas nous tromper. Nous avons donc versé quelques gouttes dans sa bouche. Papa s’est complètement rétabli et est resté avec nous pendant 30 ans encore. Il avait 90 ans quand il est mort. »

Promesse et gratitude

Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux témoins que j’ai pu rencontrer. En jetant un coup d’œil sur les nombreux ex-voto, on peut imaginer que de nombreuses prières ont été exaucées. De nombreux pèlerins promettent de se montrer reconnaissants si leur requête est exaucée (ex voto signifie : à cause d’un vœu, d’une promesse solennelle) et font apposer une petite plaque en signe de gratitude.

En jetant un coup d’œil sur les nombreux ex-voto, on peut imaginer que de nombreuses prières ont été exaucées

« Si les pèlerins ne viennent pas, faites donc de la publicité ! Les signes et les miracles arrivent à point nommé », me conseillait un visiteur bien intentionné. Nous ne voulons certainement pas passer sous silence les bienfaits de Dieu. Mais toutes les prières ne sont pas exaucées, du moins pas comme les priants l’espéraient. « Vous me reconnaissez ? Il y a quelques années, j’ai fait dire ici à Banneux de nombreuses messes pour mon fils atteint d’un cancer. Il a obtenu un sursis de quelques années, mais en mars de cette année, il est mort. Il n’avait que 36 ans ! » Une certaine déception transparaissait dans la voix de ce papa. Par souci d’honnêteté, ce témoignage doit également être mentionné ici.

Jésus et les miracles

Les miracles font partie clairement des évangiles. Les ignorer, c’est dénaturer la Bonne Nouvelle. « Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses infirmités les lui amenèrent. Et Jésus, imposant les mains à chacun d’eux, les guérissait. » (Lc 4, 40s), c’est ce que dit Luc lorsque Jésus commence son ministère public. On pourrait maintenant supposer que Jésus attend des bénéficiaires de ses guérisons qu’ils lui fassent une bonne publicité. Or, c’est exactement le contraire qui se produit : à plusieurs reprises, il interdit aux personnes guéries de parler de leur guérison.

La plupart du temps, ce sont les malades ou leurs accompagnateurs qui prennent l’initiative et s’adressent à Jésus en le priant de les aider. Il suffit de penser au lépreux qui s’approche et se jette aux pieds de Jésus ou au paralytique que quatre porteurs font descendre devant Jésus à travers le toit découvert. Mais il arrive aussi que le Nazaréen prenne lui-même l’initiative. Il voit une pauvre femme toute courbée et lui dit : « Femme, tu es délivrée de ta souffrance. » Il lui impose les mains et elle peut se redresser (Lc. 13, 10-17). Aucune demande ne précède la guérison.

La foi est indispensable. On peut comprendre les disciples qui demandent avec insistance : « Augmente en nous la foi ! » Et Jésus répond : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde… » (Lc 17, 5-6). Il n’est pas étonnant qu’on me pose souvent la question suivante lorsqu’une prière n’a pas été exaucée : « À quoi cela est-il dû ? Notre foi était-elle trop petite, plus petite encore qu’une graine de moutarde ? »

Le miracle de la foi

La foi joue également un rôle central dans les apparitions de Banneux, et en premier lieu chez le prêtre du village, l’abbé Jamin. Il était tourmenté par le doute et craignait que sa foi puisse disparaître complètement. Il lui restait encore une sorte de « foi résiduelle ».

Après les premières apparitions du mois de janvier, certains sont venus à Banneux espérant une guérison. Mme Wathelet d’Ensival, dont la jambe avait une plaie ouverte depuis plus de 20 ans, a pris le bus pour se rendre sur les lieux. En voyant le pauvre filet d’eau au bord du chemin, elle commence à douter : « Si la Vierge souhaite que je croie qu’elle est vraiment apparue ici, elle doit commencer par me guérir. » Lorsqu’elle rentre chez elle et enlève le pansement, sa plaie est fermée.

Le véritable miracle est la foi retrouvée et consolidée

Soixante ans plus tard, en 1993, Hans-Günther vient à contrecœur à Banneux avec sa femme et ses deux filles. Son cœur est gravement endommagé après deux infarctus et la fibromyalgie l’a rendu inapte au travail. Tandis que sa famille se rend à la chapelle des apparitions, il se tient à bonne distance. Il ne veut pas entendre parler de toutes ces « bêtises ».

Mais à la source, il est soudain poussé par une main invisible. Il résiste de tout son corps, mais sans succès. À la source, il retrousse ses manches et plonge ses mains et ses bras dans l’eau. Ce jour-là, Hans-Günther a été guéri. Avec le temps, lui et sa femme ont découvert que le Seigneur avait un plan pour eux. Ils ont fondé une communauté familiale orientée vers la pédagogie curative.

Ces trois histoires ont un point commun. Nous n’avons pas affaire à des croyants modèles, mais à trois candidats à la foi boiteuse. Tout comme l’apôtre Pierre, le Seigneur aurait pu les appeler « hommes ou femmes de peu de foi ». Mais ce n’est pas leur petite foi qui a empêché le miracle de se produire. Bien au contraire : le véritable miracle est la foi retrouvée et consolidée. Le miracle de la foi leur a été offert à tous.

Abbé Leo Palm















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