Samedi, jour de Marie

Traditionnellement, le samedi est consacré à la Vierge Marie. Une dévotion que nous avons perdue de vue et qui mérite d’être restaurée. 

Le samedi est-il vraiment consacré à Notre-Dame ? N’avons-nous donc pas le droit de la prier les autres jours ? La réponse à la première question est : oui. La coutume de consacrer le samedi à la Vierge Marie est vieille de plusieurs siècles. Il s’agit d’une tradition monastique datant de l’époque de Charlemagne qui s’est répandue dans toute l’Europe. Dans les abbayes carolingiennes, les moines avaient pris l’habitude de commémorer chaque jour de la semaine un événement particulier de l’histoire de la Passion. Le mercredi, par exemple, ils commémoraient la trahison de Jésus par Judas Iscariote, et le vendredi, ils commémoraient sa mort sur la croix. Le mercredi et le vendredi n’étaient pas par hasard des jours de jeûne au monastère. 

Marie est restée fidèle

Mais pourquoi le samedi est-il associé à Marie ? Certains disent qu’il s’agit d’une référence au Samedi saint. Alors que les disciples de Jésus ont disparu de la scène après sa mort sur la croix, Marie est restée fidèle. Elle n’a pas abandonné son Fils, mais a prié pour lui. Sa foi et son espérance en la résurrection ont été plus fortes que son chagrin, qui devait pourtant être incommensurable. Comment pourrait-il en être autrement quand on voit son enfant mourir ? Marie, attendant la résurrection, a inspiré l’artiste hongroise Maria de Faykod pour la quinzième station du chemin de croix des malades à Lourdes. 

Alors que les disciples de Jésus ont disparu de la scène après sa mort sur la croix, Marie est restée fidèle.

D’autres cherchent une explication dans le fait que le samedi… précède le dimanche. Chaque dimanche, semaine après semaine, nous célébrons la résurrection du Christ. Nous pouvons donc considérer le samedi comme un ‘jour de Préparation’, pour reprendre un terme biblique : la veille du sabbat, les Juifs se préparaient au jour du Seigneur (Lc 23, 54). Avec Marie, nous nous préparons à la fête de la vie que nous célébrons à l’église le dimanche. 

Tous les jours

À la deuxième question que nous avons posée ci-dessus – pouvons-nous prier Marie uniquement le samedi ? – il est facile derépondre. En termes liturgiques, la mémoire de Marie le samedi est une ‘mémoire facultative’ pour le temps ordinaire. Lorsqu’il n’y a pas d’autre fête ou solennité au calendrier ce jour-là, les prêtres peuvent célébrer la messe en l’honneur de Marie. Ceux qui prient les heures peuvent alors utiliser des prières et des lectures spéciales.  

Grâce à sa foi inébranlable, Marie est aujourd’hui encore un exemple pour des millions de chrétiens.

Bien entendu, il n’y a pas de mal à prier Marie (et à prier avec elle) tous les jours de la semaine, bien au contraire ! Nous savons que de nombreuses personnes ne se rendent plus à l’église le dimanche. Leur santé ne le leur permet pas, ou au pire la paroisse a été supprimée. Mais ils s’obstinent à prier chaque matin et chaque soir trois ‘Je vous salue Marie’ et beaucoup suivent le chapelet à Lourdes sur KTO. Grâce à sa foi inébranlable, Marie est aujourd’hui encore un exemple pour des millions de chrétiens. Nous lui confions tous nos soucis et nous pouvons compter sur elle pour intercéder auprès de son Fils, Jésus. 

Remy De Geest 

Le chemin de croix : pas besoin de spectateurs

Dans de nombreuses églises, le chemin de croix n’est plus vraiment mis en avant pendant l’année liturgique. Pourtant, il y a de bonnes raisons de ne pas ignorer la souffrance de Jésus. La Semaine sainte nous rappellera bientôt ses dernières heures sur Terre. 

Lorsque Jésus sent que ses ennemis l’ont pris pour cible et ne vont plus le lâcher, il prévient ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24). Les paroles de Jésus s’adressent aussi à chacune et chacun d’entre nous, en particulier à l’approche de Pâques. Quant à savoir si nous y répondrons, si nous nous laisserons interpeller, c’est une autre histoire ! Et même dans les paroisses qui organisent le chemin de croix lors du Vendredi saint, très peu de fidèles sont présents. Notamment parce qu’ils devraient prendre congé pour l’occasion et que très peu d’employeurs permettent à leur personnel de faire relâche le Vendredi saint. 

Prier et contempler

Pourtant, participer au chemin de croix peut représenter une forme de prière profitable. Par la pensée, nous sommes proches de Jésus lors de son dernier voyage dans les rues de Jérusalem. Selon la tradition, le chemin de croix comporte 14 arrêts, nommés ‘stations’. Nous suivons Jésus depuis sa condamnation à mort dans le palais de Pilate jusqu’à son dépôt par deux hommes dans un tombeau taillé dans la roche. À chaque station, nous prenons le temps de parcourir un texte, extrait d’Évangile ou légende transmise, comme le tableau dans lequel Véronique tend son voile à Jésus afin qu’il puisse s’éponger le front.

Vue du calvaire à Moresnet-Chapelle, lieu de pèlerinage
dans le diocèse de Liège (image : G. Geeraerts)

À Banneux ou à d’autres lieux de pèlerinage, on croise souvent des groupes de pèlerins parcourant le chemin de croix en priant. Un bon accompagnateur de pèlerinage propose des incitations à la méditation – bien utiles si l’on est en panne d’inspiration – mais veille également à ce que le silence puisse se faire à chaque station. Il y a quelques années, j’ai eu la chance de participer à un chemin de croix accompagné à Moresnet, près de la frontière allemande. Le père Jos Van den Bergh, montfortain, a fait le lien entre chaque tableau et un moment difficile de sa propre vie. En tant que pèlerin, cela m’a contraint à réaliser le même exercice, en silence. 

La neutralité n’existe pas

Tout comme d’autres formes de prière, le chemin de croix n’est pas ‘gratuit’. Il ne s’agit pas d’une partie de bingo dont le vainqueur a colorié 14 boules sur sa carte. Nous suivons le Christ, croix sur l’épaule, au milieu d’une foule qui le dévisage et le raille : « Venez toutes et tous découvrir un spectacle comme vous n’en avez jamais vu ! » Une foule qui, identique et tout aussi nombreuse, l’acclamait frénétiquement une semaine auparavant. Cela aussi donne à réfléchir… 

Sur le chemin vers la Croix, nous ne pouvons pas être neutres

Pape Benoît XVI

Un jour, le pape Benoît XVI a évoqué, après le chemin de croix du Vendredi saint, le rôle de Ponce Pilate dans le récit de la Passion. Pilate, le plus haut fonctionnaire romain, s’en est lavé les mains : c’était au peuple de décider du sort de ce Jésus. Il a préféré se tenir à l’écart, ne pas se sentir concerné. « Sur le chemin vers la Croix, nous ne pouvons pas être neutres », a expliqué le pape. « C’est précisément parce qu’il a essayé d’être neutre, en voulant rester en dehors de cette affaire, que Pilate a pris une position claire contre la justice. » 

Pour Benoît XVI, 2000 ans après les événements funestes du Golgotha, nous devons nous aussi trouver notre place. Chaque station invite à se repentir : « Le chemin de croix n’est lié ni à un temps ni à un lieu en particulier. La croix du Seigneur étreint le monde entier, son chemin de croix couvre tous les continents et traverse tous les siècles. Nous ne pouvons pas être de simples spectateurs du chemin de croix de Jésus. Nous avons un rôle à y jouer. Où et comment allons-nous nous situer ? » 

Un chemin qui ne s’arrête pas au tombeau

Pour ceux qui ne connaissent pas le chemin de croix, le fait de le prier peut paraître choquant ou même déprimant. C’est compréhensible : beaucoup de chrétiens ont du mal à associer la mort sur la croix, la descente de croix et la mise au tombeau – les trois dernières étapes de la vie de Jésus sur Terre – à la résurrection, même si Pâques en est approche.  

Pour ceux qui ne connaissent pas le chemin de croix, le fait de le prier peut paraître choquant ou même déprimant

Lorsque je suis allé à Lourdes pour la première fois l’été dernier, notre ami Robrecht De Gersem m’avait conseillé d’effectuer le chemin de croix des malades. Ce dernier, construit sur un terrain plat, est physiquement moins rude que l’ancien, qui obligeait les pèlerins à gravir une pente raide pour se rendre d’une station à l’autre.  

Un pèlerin admirant la dernière station du nouveau chemin de croix 
à Lourdes : le Seigneur ressuscité se révèle aux disciples d’Emmaüs
(image: G. Geeraerts)

La symbolique du ‘nouveau’ chemin de croix à Lourdes est particulièrement puissante. Après la 14e station, un arrêt supplémentaire nous amène au Samedi saint. Marie figure sur le tableau, mais chaque pèlerin – qui attend souvent la résurrection avec impatience – peut également s’y reconnaître. Une 16e station représente le Ressuscité lui-même, débordant de vie. Quant à la 17e et dernière station, elle raconte l’histoire émouvante des disciples d’Emmaüs, reconnaissant le Seigneur ressuscité lorsqu’il rompt le pain devant eux. Il n’est pas mort, il est vivant et son amour pour nous est éternel : tel est le message de l’histoire de la Passion. 

Glenn Geeraerts
traduit du néerlandais par Michel Charlier 

Prier comme Jésus

Les Pères de l’Église en étaient conscients : prier ne va pas de soi. Trouver une méthode de prière qui nous convienne demande souvent une certaine recherche. C’est pourquoi nous vous donnons quelques conseils. Et, en la matière, il n’y a pas meilleur précepteur que Jésus, comme le prouve le Notre Père.

Si vous êtes abonné à notre revue, il y a de fortes chances que vous soyez pratiquant régulier. Certains d’entre vous ont sans doute la possibilité de célébrer l’eucharistie tous les jours. D’autres, en revanche, regardent la messe à la télévision ou suivent les émissions de KTO. Tous ces chemins sont bons et utiles. Car, pour les catholiques, quoi de mieux que la rencontre avec le Christ vivant lors de la communion ?

En parlant de rencontre… nous nous réjouissons bien évidemment d’être entourés par d’autres personnes. Que vous vous rendiez le samedi ou le dimanche dans l’église de votre paroisse ou que vous participiez à la messe dans un monastère ou une abbaye, vous percevez que vous faites partie d’une communauté de croyants. Et vous pouvez même éprouver ce sentiment à distance, lorsque vous regardez la messe télévisée depuis votre fauteuil, votre lit d’hôpital ou à la maison de repos.

Intimité

Faire partie d’une communauté célébrante ne signifie pas pour autant que nous pouvons négliger notre prière personnelle. Le soleil ne brille pas tous les jours dans notre cœur. Parfois, on y trouve de la pluie, de l’orage ou un épais brouillard dans lequel nous risquons de nous perdre. Dans ces moments de tristesse, de crainte ou de frustration, il peut être salutaire de faire un retour sur nous-même et de nous tourner vers le Seigneur en toute simplicité. C’est l’essence-même de la prière.

Le soleil ne brille pas tous les jours dans notre cœur. Parfois, on y trouve de la pluie, de l’orage ou un épais brouillard.

« Aucune communauté ne peut prendre en charge ni porter ma colère, ma rage ou ma déception », écrit le journaliste Leo Fijen. « Aucune abbaye, aucune paroisse ne peut effacer la douleur de nos vies. Nous ne pouvons pas nous passer de cette communauté, à la périphérie, qui écoute notre souffrance, mais cette communauté ne peut entrer dans notre intimité. Heureusement, la prière peut le faire : accueillir Dieu les mains ouvertes et nous savoir reliés à Lui dans notre intimité la plus profonde. »

(c) Unsplash / Zac Durant

Par où commencer ?

Je n’ai jamais appris à prier. Je n’ai ni le temps ni la patience. J’essaie de prier le chapelet tous les jours, mais je me laisse trop facilement distraire. Je ne sais pas par où commencer. Je veux prier, mais je ne trouve pas les mots justes. Je n’arrive plus à prier depuis le décès de mon mari…

Les raisons pour lesquelles nous n’arrivons pas à prier ne manquent pas. Peut-être est-ce tout simplement parce que nous n’avons pas trouvé la bonne ‘méthode’ de prière, c’est-à-dire celle qui est la mieux adaptée à notre personnalité, à un moment précis de notre vie.

Une de mes amies lisait chaque jour deux chapitres de l’évangile et méditait sur quelques textes de la Bible. Mais les maux de la vieillesse ont rendu cette tâche de plus en plus difficile. Elle avait du mal à se concentrer sur des passages longs ou complexes. Aujourd’hui, elle a ‘redécouvert’ le chapelet de sa jeunesse et sa prière est à nouveau bien vivante.

Apprendre de Jésus

Il faut donc parfois tâtonner avant de trouver une façon de prier qui porte du fruit et ait du sens. Dans les prochains articles, nous vous présenterons quelques méthodes qui ont ‘fait leurs preuves’… même si prier n’est pas nécessairement plus facile ou plus fluide parce que l’on a de l’expérience en la matière. À ce sujet, le pape Benoît XVI disait : « Nous devons apprendre à prier comme si nous devions maitriser cet art encore et encore. Même ceux qui sont très avancés dans leur vie spirituelle continuent d’éprouver le besoin d’apprendre constamment de Jésus pour apprendre à prier de manière authentique. »

Nous devons apprendre à prier comme si nous devions maitriser cet art encore et encore.

Mais comment ‘apprendre de Jésus’ ? Il ne faut pas chercher bien loin, car Il donne l’exemple dans l’évangile en priant le Notre Père. Une prière qui résonne dans la bouche des chrétiens depuis plus de 2000 ans. Ceux qui veulent revitaliser leur prière peuvent commencer par celle que le Fils adresse à son Père.

La traversée du désert

Réaliser que Jésus nous a précédés dans la prière peut nous aider à ne pas réciter le Notre Père comme une routine, à la hâte, mais bien lentement, avec de courtes pauses en phase avec la ponctuation. Réfléchissons à chaque phrase du Notre Père. Certains seront étonnés – même s’ils ont prononcé ces mots des milliers de fois – de constater qu’il y a sept demandes dans le Notre Père. Essayons de les laisser pénétrer en nous.

Une tradition ancienne dit que, pour bien comprendre et méditer le Notre Père, il faut le réciter à l’envers, en commençant par la dernière ligne. Au début, nous avons alors l’homme désespéré – délivre-nous du mal et ne nous laisse pas entrer en tentation. Ensuite, nous cheminons vers Dieu – qui est aux cieux – via un chemin de pardon – pardonne-nous nos offenses. Le texte du Notre Père nous rappelle ainsi les 40 années de voyage du peuple d’Israël. Ce qui a commencé dans le désert, lieu d’épreuve et de désespoir, s’est achevé dans la Terre promise.

Glenn Geeraerts
adaptation : Michel Charlier























































Signes et miracles

Tout au long de la saison des pèlerinages, il arrive de plus en plus souvent qu’entre les grands groupes de pèlerins seule une poignée de fidèles se rende au sanctuaire aux jours de semaine. Mais cela ne nous empêche nullement de célébrer l’eucharistie ou de vivre nos temps de prière habituels. Jésus n’a d’ailleurs pas placé la barre très haut : « En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20).

Le petit groupe a un avantage : on se parle plus facilement et l’un ou l’autre confie pourquoi son cœur est si attaché à Banneux. Après la bénédiction des malades, Kurt m’a raconté comment, lors d’un pèlerinage, il avait été guéri de crises d’asthme alors qu’il était un petit garçon de trois ans. Depuis 60 ans, il peut à nouveau respirer à pleins poumons. Une dame a raconté comment son père, qui était à la mort, est revenu à la vie grâce à quelques gouttes d’eau de la source. Elle et sa mère étaient d’accord : « Vu son état, nous ne pouvions pas nous tromper. Nous avons donc versé quelques gouttes dans sa bouche. Papa s’est complètement rétabli et est resté avec nous pendant 30 ans encore. Il avait 90 ans quand il est mort. »

Promesse et gratitude

Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux témoins que j’ai pu rencontrer. En jetant un coup d’œil sur les nombreux ex-voto, on peut imaginer que de nombreuses prières ont été exaucées. De nombreux pèlerins promettent de se montrer reconnaissants si leur requête est exaucée (ex voto signifie : à cause d’un vœu, d’une promesse solennelle) et font apposer une petite plaque en signe de gratitude.

En jetant un coup d’œil sur les nombreux ex-voto, on peut imaginer que de nombreuses prières ont été exaucées

« Si les pèlerins ne viennent pas, faites donc de la publicité ! Les signes et les miracles arrivent à point nommé », me conseillait un visiteur bien intentionné. Nous ne voulons certainement pas passer sous silence les bienfaits de Dieu. Mais toutes les prières ne sont pas exaucées, du moins pas comme les priants l’espéraient. « Vous me reconnaissez ? Il y a quelques années, j’ai fait dire ici à Banneux de nombreuses messes pour mon fils atteint d’un cancer. Il a obtenu un sursis de quelques années, mais en mars de cette année, il est mort. Il n’avait que 36 ans ! » Une certaine déception transparaissait dans la voix de ce papa. Par souci d’honnêteté, ce témoignage doit également être mentionné ici.

Jésus et les miracles

Les miracles font partie clairement des évangiles. Les ignorer, c’est dénaturer la Bonne Nouvelle. « Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses infirmités les lui amenèrent. Et Jésus, imposant les mains à chacun d’eux, les guérissait. » (Lc 4, 40s), c’est ce que dit Luc lorsque Jésus commence son ministère public. On pourrait maintenant supposer que Jésus attend des bénéficiaires de ses guérisons qu’ils lui fassent une bonne publicité. Or, c’est exactement le contraire qui se produit : à plusieurs reprises, il interdit aux personnes guéries de parler de leur guérison.

La plupart du temps, ce sont les malades ou leurs accompagnateurs qui prennent l’initiative et s’adressent à Jésus en le priant de les aider. Il suffit de penser au lépreux qui s’approche et se jette aux pieds de Jésus ou au paralytique que quatre porteurs font descendre devant Jésus à travers le toit découvert. Mais il arrive aussi que le Nazaréen prenne lui-même l’initiative. Il voit une pauvre femme toute courbée et lui dit : « Femme, tu es délivrée de ta souffrance. » Il lui impose les mains et elle peut se redresser (Lc. 13, 10-17). Aucune demande ne précède la guérison.

La foi est indispensable. On peut comprendre les disciples qui demandent avec insistance : « Augmente en nous la foi ! » Et Jésus répond : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde… » (Lc 17, 5-6). Il n’est pas étonnant qu’on me pose souvent la question suivante lorsqu’une prière n’a pas été exaucée : « À quoi cela est-il dû ? Notre foi était-elle trop petite, plus petite encore qu’une graine de moutarde ? »

Le miracle de la foi

La foi joue également un rôle central dans les apparitions de Banneux, et en premier lieu chez le prêtre du village, l’abbé Jamin. Il était tourmenté par le doute et craignait que sa foi puisse disparaître complètement. Il lui restait encore une sorte de « foi résiduelle ».

Après les premières apparitions du mois de janvier, certains sont venus à Banneux espérant une guérison. Mme Wathelet d’Ensival, dont la jambe avait une plaie ouverte depuis plus de 20 ans, a pris le bus pour se rendre sur les lieux. En voyant le pauvre filet d’eau au bord du chemin, elle commence à douter : « Si la Vierge souhaite que je croie qu’elle est vraiment apparue ici, elle doit commencer par me guérir. » Lorsqu’elle rentre chez elle et enlève le pansement, sa plaie est fermée.

Le véritable miracle est la foi retrouvée et consolidée

Soixante ans plus tard, en 1993, Hans-Günther vient à contrecœur à Banneux avec sa femme et ses deux filles. Son cœur est gravement endommagé après deux infarctus et la fibromyalgie l’a rendu inapte au travail. Tandis que sa famille se rend à la chapelle des apparitions, il se tient à bonne distance. Il ne veut pas entendre parler de toutes ces « bêtises ».

Mais à la source, il est soudain poussé par une main invisible. Il résiste de tout son corps, mais sans succès. À la source, il retrousse ses manches et plonge ses mains et ses bras dans l’eau. Ce jour-là, Hans-Günther a été guéri. Avec le temps, lui et sa femme ont découvert que le Seigneur avait un plan pour eux. Ils ont fondé une communauté familiale orientée vers la pédagogie curative.

Ces trois histoires ont un point commun. Nous n’avons pas affaire à des croyants modèles, mais à trois candidats à la foi boiteuse. Tout comme l’apôtre Pierre, le Seigneur aurait pu les appeler « hommes ou femmes de peu de foi ». Mais ce n’est pas leur petite foi qui a empêché le miracle de se produire. Bien au contraire : le véritable miracle est la foi retrouvée et consolidée. Le miracle de la foi leur a été offert à tous.

Abbé Leo Palm















Catholiques déroutés

Le rappel de la vocation du chrétien qui découle de son baptême déroute certains fidèles : on attend d’eux un témoignage courageux dans la pratique du dialogue avec ceux qu’ils rencontrent dans le monde. Ils sont perdus quand il s’agit de parler avec des gens qui ne font pas partie de leur cercle d’amis. Il leur semble que ceux qui ne partagent pas leurs convictions sont de plus en plus nombreux. 

La Belgique a en effet beaucoup changé depuis 30 ans. Parmi les 10.000.000 d’habitants de l’époque, 8.700.000 se disaient catholiques, soit 87%. Notre pays est de tradition catholique. En Flandre notamment le catholicisme est lié au sentiment national flamand. Chez nous, les institutions catholiques sont visibles et importantes : églises, écoles, universités, cliniques, syndicats et mutuelles. Elles sont de véritables piliers de la vie sociale. L’État finance les activités de l’Église, rétribue le clergé et subventionne les écoles. 

Le Concile Vatican II appelait à un renouveau et à l’ouverture au monde. Des excès ont décrié les institutions et troublé les esprits. En Wallonie, la laïcité a été active. Il y a 30 ans, il y avait en Belgique 100.000 musulmans (1 %), 125.000 protestants (1,25 %) ; 35.000 juifs (0,3 %) et 1.000.000 d’habitants appartenaient à divers groupes religieux ou étaient sans religion. Ce nombre semble avoir augmenté. La « sécularisation » a rapidement progressé. 

Un monde sécularisé

La « sécularisation » est le fait de « séculariser », c’est à dire de « rendre au siècle », à la vie du monde, quelqu’un qui vivait hors de monde dans le cloître selon une règle : il était donc « régulier ». Ce langage a cours dans le monde religieux pour parler par exemple d’un moine-prêtre qui quitte son ordre pour entrer dans le clergé diocésain : il devient prêtre « séculier » c’est à dire en contact avec le monde. Un objet dit « sacré » qui sert dans le culte est sécularisé quand, en dehors du culte, il sert d’élément profane décoratif. 

Qu’en est-il de la sécularisation de la société ? Depuis les années 1960, plusieurs choses sont intervenues : la perte d’emprise des Églises sur la société, une crise de crédibilité, un repli social du religieux, la privatisation de la foi. La foi religieuse a subi une mutation : la religion d’aujourd’hui se nourrit de souvenirs de la tradition chrétienne pour constituer sa religion personnelle. La sécularisation est dès lors le passage d’un christianisme régulé par une autorité d’Église à un christianisme sans règle.  

Voilà de quoi surprendre les chrétiens qui se soucient d’entrer en dialogue au nom de leur foi avec le monde qui les entoure. 

Une foi immature ? 

Ceux qui participent à la vie de l’Église et qui prennent conscience de leur vocation missionnaire estiment ne pas avoir la formation nécessaire ni même la foi suffisante. Pour eux la tentation est grande de se replier en communautés homogènes ou de se diluer dans la masse.  

De quelle formation ont-ils bénéficié ? Ils ont pu avoir des cours de religion en primaire et en secondaire. Ils peuvent en avoir gardé le petit bagage que peut retenir un adolescent. Ils ont peut-être étudié les sciences religieuses dans une école normale catholique. Ils peuvent s’être inscrits en théologie dans une faculté universitaire comme le font de plus en plus de laïcs de nos jours. 

Les fidèles souhaitent que la messe dominicale leur donne de vivre une authentique expérience communautaire de foi. 

Beaucoup de chrétiens adultes ont reçu dans les branches profanes préparatoires à leur profession, une formation intense et en sont restés au stade de leur adolescence en matière religieuse. Ils ressentent le besoin de formation permanente en matière religieuse comme il en existe dans les sciences profanes qui ne cessent d’évoluer. La religion aussi évolue et les fidèles gagnent à mettre leurs connaissances religieuses à jour pour soutenir leur foi personnelle et leur donner confiance dans le dialogue avec les autres. 

Être Église pour les autres

Pour dialoguer, certains ont trouvé leur foi insuffisante. Ceci concerne la vie intérieure, la vie spirituelle. Dans les synthèses synodales on n’a guère parlé de l’aide spirituelle que l’Église peut apporter pour favoriser la croissance de la foi. Les questions posées concernaient l’organisation concrète de la vie de l’Église. Certaines réponses parlent malgré tout de l’aide qu’il y a lieu d’apporter à chacun à mener sa vie de chrétien. On souhaite des célébrations plus soignées, mieux préparées et mieux présidées. C’est dire combien ceux qui participent aux assemblées dominicales désirent y trouver de quoi nourrir leur foi et leur prière ; souhaitent que la messe dominicale leur donne de vivre une authentique expérience communautaire de foi. 

On demande beaucoup de choses à l’Église. N’oublions pas que chaque baptisé est l’Église pour les autres.

Beaucoup ont parlé de ce qu’ils attendent de l’Église : l’attention à chacun, le souci des malades, des aînés et des jeunes, l’aide aux pauvres. Ce dernier service est le mieux organisé et le plus efficace. Il est assuré par les conférences des saintVincent de Paul où s’activent de nombreux et généreux bénévoles. C’est un modèle dont pourraient s’inspirer d’autres services car le clergé seul, de plus en plus réduit, ne saurait faire face à tous les besoins. 

On demande beaucoup de choses à l’Église. N’oublions pas que chaque baptisé est l’Église pour les autres. Que peut attendre chaque fidèle de son Église et que peut attendre l’Église de lui ? Qu’est-ce que Dieu attend de son Église et qu’est-ce que Dieu attend de nous ? 

Abbé Auguste Reul 

(photo : Unsplash/Ben White)

J’ai soif de toi

Les psaumes expriment toute l’expérience humaine et religieuse du peuple d’Israël. Ils sont témoins des détresses et des joies, des cris de révolte et des actions de grâce des croyants, mais en même temps, ils sont l’écho de la Parole de Dieu. Le chrétien qui médite et prie les psaumes apprend à mieux connaître et aimer Dieu en se souvenant que Jésus Lui-même, Marie et Joseph ont prié les psaumes. Dans cet article, nous parlerons du Psaume 62(63) que nous entendrons ce dimanche 12 novembre.

« Je Te cherche dès l’aube. » C’est l’amour qui nous pousse à chercher Celui que nous aimons car, sans Lui, nous ressentons un manque, un vide. Mais la Bible nous dit que Dieu lui-même est à notre recherche parce qu’Il nous aime. Déjà dans la Genèse, Il vient visiter Adam et, ne le trouvant pas, Il l’appelle : « Adam, où es tu ? » Le Père de Montfort, commentant le livre des Proverbes, fait dire au Fils de Dieu : « O hommes, ô enfants des hommes, c’est vous que Je désire, c’est vous que Je cherche, écoutez, venez à Moi, Je veux vous rendre heureux » (ASE n° 66 ; Prov 8, 1). Et c’est son amour qui L’a fait s’incarner pour être plus proche de nous.

Une urgence vitale
« Mon âme a soif de toi. » Dans une région où chaque déplacement confronte l’homme au désert, l’expérience de la soif est quotidienne. Dans le psaume 41(42) le psalmiste compare son désir de Dieu à une biche assoiffée qui languit après l’eau vive. La plus belle prière est certainement celle qui jaillit de notre pauvreté spirituelle, comme la plainte du déshydraté.

La métaphore de la soif est souvent utilisée dans la Bible car elle exprime une urgence vitale. Israël a soif de son Dieu, une soif d’autant plus grande qu’il a expérimenté la présence de Dieu, depuis l’aube de son histoire. Ce cri du psalmiste fait écho aux désirs de tous les assoiffés de Dieu. Quel est mon plus grand désir ? De quoi ai-je vraiment soif aujourd’hui ? De toujours plus de biens de consommation, de puissance, de richesse, de notoriété ou de Celui qui donne sens à ma vie ? Mon désir de Dieu est-il aussi brûlant que la soif de celui qui erre dans le désert ?

L’expression « je Te cherche dès l’aube… mon âme a soif de Toi » dit aussi que cette quête n’est pas encore comblée. Mais nous vivons dans l’attente, dans l’espérance :
« Mon âme attend le Seigneur, plus sûrement qu’un veilleur n’attend l’aurore » (Ps 129/130, 6).

Morosité ou liberté ?

Dans cet article, nous rejoignons le Pape François en réfléchissant au concept de liberté. Être vraiment libre et le rester, qu’est-ce que cela signifie pour nous chrétiens ? Et quel est le rôle de l’esprit créateur du Christ dans tout ça ?

Au cours d’une audience générale, le pape François a commenté la Lettre
aux Galates de saint Paul, lettre dans laquelle, a-t-il souligné, « l’apôtre a écrit des
paroles immortelles sur la liberté chrétienne. La liberté est un trésor que l’on n’apprécie vraiment que lorsqu’on le perd ». Notre pape a continué, constatant le nombre de malentendus autour de son nom, et combien de visions différentes de la
liberté se sont affrontées au cours des siècles.

Mystère de l’amour de Dieu
François poursuit : « Dans sa lettre, Paul invite les chrétiens à tenir bon dans la liberté qu’ils ont reçue par le baptême, et cela sans se laisser remettre sous le joug de l’esclavage (Ga 5, 1). Une prédication qui entraverait la liberté au nom du Christ n’est jamais évangélique. On ne peut jamais contraindre quelqu’un, ni le rendre esclave au nom de Jésus qui nous rend libres. La liberté chrétienne repose sur deux piliers fondamentaux, précise-t-il, la grâce du Seigneur Jésus et la vérité que le Christ
nous révèle, c’est-à-dire Lui-même. »

« En fait, la véritable liberté, nous dit le pape, la libération de l’esclavage du péché, a jailli de la Croix du Christ, là même où Jésus s’est laissé suspendre, s’est fait esclave. Dieu y a placé la source de la libération radicale de l’homme. Cela ne cesse de nous étonner : que le lieu où nous sommes dépouillés de toute liberté, à savoir la mort, puisse devenir la source de la liberté. C’est le mystère de l’amour de Dieu, on ne le comprend pas facilement, on le vit. »

Être libre
« Le chrétien est libre, insiste François, il doit être libre et appelé à ne pas retourner à être esclave de préceptes, de choses étranges. La liberté nous rend libres dans la mesure où elle transforme la vie d’une personne et l’oriente vers le bien. Car, pour être vraiment libres, nous avons besoin non seulement de nous connaître, au niveau psychologique, mais surtout de faire la vérité en nous-mêmes, à un niveau plus profond. Et là, dans le cœur, nous ouvrir à la grâce du Christ.

La vérité doit nous inquiéter… Pourquoi ? Parce que l’inquiétude est le signe que l’Esprit Saint est en train de travailler en nous à l’intérieur, et la liberté est une liberté active, suscitée par sa grâce. C’est difficile de rester libre, c’est difficile, mais ce n’est pas impossible. »

Le chrétien doit être libre et appelé à ne pas retourner à être esclave de préceptes.

Pape François

Chers lecteurs, la vie comporte des échecs pour lesquels nous n’y pouvons rien. Nous ne sommes pas responsables des handicaps liés à l’âge, ni des maladies ou des pertes d’emplois. Les crises mondiales successives dont on ne voit pas le bout nous
stressent, nous sapent le moral. Si on y ajoute nos petits bobos personnels, on perd confiance en l’avenir. La morosité générale nous gagne. Que faire ? Nous laisser aller dans ce tourbillon de désespérances ? Nos destins sont-ils des fatalités devant lesquelles il faut se résigner ? Et si on parle de ‘destins’, cela veut-il dire qu’il n’y a plus de place pour la liberté ?

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Une église comme un grand parapluie

Si vous interrogez des personnes sur les concepts de l’Église anglicane, vous obtiendrez les réponses les plus diverses. Les uns appellent les anglicans « des catholiques, mais sans le pape », d’autres pensent que cette Église est un courant au sein du protestantisme. Qu’en est-il ? Nous avons posé la question à Annie Bolger, prêtre de l’Église d’Angleterre à Bruxelles.

En entrant dans la Holy Trinity Church, l’église de la Sainte Trinité, cachée rue
Capitaine Crespel, une petite rue calme donnant sur l’avenue de la Toison d’Or à Ixelles,
j’avais l’impression de me trouver en terrain connu. Des bancs en bois, un crucifix, un autel, un lutrin, l’orgue et à l’entrée un bénitier : des objets « classiques » qu’on peut trouver dans chaque église catholique. J’y ai rencontré l’un des prêtres de cette église anglophone.

Une dame au sourire sympathique s’approche de moi. Elle porte un col romain blanc, ce qui est très inhabituel aux yeux des catholiques romains. À cet instant je suis frappé par cette différence entre notre Église et l’Église d’Angleterre, comme on appelle aussi l’Église anglicane. La révérende Annie Bolger a suivi une formation de prêtre en
Angleterre et a été ordonnée diacre en 2020. Un an plus tard, elle fut ordonnée prêtre et travaille depuis lors dans notre capitale.

« En fait, je suis américaine, dit-elle. Après mon mariage, je suis venue en Belgique pour étudier la théologie. En tant qu’étudiante, j’étais pratiquante à Saint Martha & Saint Mary’s (Sainte Marthe et sainte Marie), la paroisse anglicane de Louvain. Dans cette communauté, je me suis posé la question de ma vocation et j’ai opté pour
la prêtrise. »

Une voie intermédiaire
Le dimanche, les célébrations à Holy Trinity – en anglais ou bilingue anglais/français –
comptent globalement quatre cents fidèles. Ce n’est pas rien. Cependant, l’Église anglicane de la « mère patrie » est confrontée aux mêmes défis que l’Église chez nous : en Angleterre aussi, il y a beaucoup de bancs vides dans l’église le dimanche et les jeunes y brillent par leur absence. Ce n’est donc pas le cas à Bruxelles – et cela
s’explique.

La diversité est grande, il y a un mixité, des non-anglicans venant aussi partager notre célébration.

Reverend Annie Bolger

« Notre église est principalement fréquentée par des expatriés, des étrangers qui vivent à Bruxelles et travaillent pour les institutions européennes, l’OTAN ou d’autres grandes organisations », explique Annie Bolger. « Ce sont souvent des familles ‘mixtes’ : des couples chrétiens dont les maris sont issus de foyers protestants et dont les épouses sont plus proches du catholicisme, ou vice versa. Ils trouvent dans notre église une voie
intermédiaire entre les traditions catholique et protestante. Un avantage supplémentaire est le fait que son public est international et que nos célébrations se font en anglais. »

Un grand parapluie
Un compromis entre protestants et catholiques : voilà peut-être la meilleure façon de résumer l’anglicanisme en quelques mots. « Je compare souvent notre Église à un grand parapluie », dit Annie. « Il y a beaucoup de gens qui se cachent en dessous, même s’ils ne sont pas d’accord sur beaucoup de terrains. La diversité est grande. Certes, notre communauté ecclésiale à Bruxelles ne peut pas être cataloguée, il y a une mixité, des non-anglicans venant aussi partager notre célébration. »

Cette diversité se reflète également dans la liturgie, explique-t-elle : « Si vous entrez dans une église paroissiale en Angleterre le dimanche, il y a de fortes chances que la célébration soit plutôt austère – on dirait davantage protestante.
En outre, il y a la dite Haute Église, dont les rituels sont sûrement familiers aux Belges catholiques. Il suffit de penser à la prière du chapelet et l’Angélus. De plus, pour une petite minorité, la dévotion mariale a aussi sa place. »


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Marie dans la gloire de Dieu

Le 15 aout, notre Église célèbre l’Assomption de Marie. Une bonne occasion de méditer les racines de ce dogme et de se plonger dans les textes de la liturgie de cette solennité mariale.

Le 15 août, les chrétiens catholiques et orthodoxes fêtent la bienheureuse Vierge Marie. Pour les catholiques, la fête est appelée « Assomption » et pour les orthodoxes « Dormition. » Cette fête remonte à un texte apocryphe, le Transitus Mariae du cinquième siècle. Les apocryphes sont des textes que l’Église n’a pas reconnus comme canoniques et qu’on ne trouve donc pas dans la Bible.

ASSOMPTION OU DORMITION ?

Pour les catholiques, l’Assomption commémore la gloire de Marie avec Dieu : elle est enlevée de la vie sur la terre pour entrer dans la vie en Dieu, après avoir participé à la vie de Jésus. Sa vie a été toute donnée à la volonté de Dieu. Promulguée le premier novembre 1950 par le pape Pie XII, le dogme de l’Assomption est lié à celui de l’Immaculée Conception, ce que les orthodoxes refusent. Marie est élevée aux cieux, assumée corps et âme en Dieu : c’est le couronnement de la vocation de Marie dans le plan de Dieu.

Pour les orthodoxes, la Dormition est l’endormissement de Marie dans la mort. À Jérusalem, l’abbaye de la Dormition est un monastère de moines bénédictins qui se trouve sur le mont Sion. Elle a été construite par les moines allemands de Beuron de 1900 à 1910. Source d’espérance de la vie éternelle promise après la mort, la fête de l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie est célébrée dans tous les lieux d’apparition de Marie dans le monde.

UNE SIGNE GRANDIOSE…

Après cette approche historique, mettons-nous à l’écoute des textes de la liturgie du 15 aout. Tout d’abord la belle description de Marie dans l’Apocalypse de saint Jean : « Un signe grandiose apparut dans le ciel : une femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et, sur la tête, une couronne de douze étoiles » (Ap 12, 1).

Oui, Seigneur, tu as élevé jusqu’à la gloire du ciel, dans son âme et son corps, Marie, la Vierge immaculée, la Mère de ton Fils ; fais que, toujours tendus vers les réalités d’en haut, nous obtenions de partager sa gloire. Et l’évangile proposé en ce jour de fête, est celui de la visite de Marie à sa cousine Elisabeth avec la belle prière du Magnificat, chantée chaque jour dans toutes les abbayes pendant les vêpres. N’est-ce pas un appel pour tous les baptisés à la prier régulièrement ?

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante. Désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son Nom. »

Allemagne – Lors de la procession mariale du 15 aout, une équipe de 16 hommes fait trôner la statue de la Vierge à travers les rues de la ville de Bamberg

UNE LITANIE POUR MARIE

Et pour conclure, je propose encore de prier de manière toute simple, sous forme de litanie. Rendons grâce à Dieu notre Père, par Marie il a fait des merveilles :

« Marie, servante du Seigneur, intercède pour nous tes enfants. Marie, bénie entre toutes les femmes ; Marie, sourire de Dieu ; Marie, modèle de foi ; Marie, mère fidèle ; Marie, source de notre joie ; Marie, tendresse des pauvres ; Marie, étoile de ceux qui cherchent ; Marie, mère au cœur transpercé ; Marie, force de ceux qui peinent ; Marie, espoir de ceux qui meurent ; Marie, docile au souffle de l’Esprit. 

Salut, Reine des cieux ! Salut, Reine des anges ! Salut, Tige féconde ! Salut, Porte du ciel ! Par toi, la lumière s’est levée sur le monde. Réjouis-toi, Vierge glorieuse, belle entre toutes les femmes ! Salut, splendeur radieuse : implore ton Fils Jésus pour nous. »

Marie a triomphé de la mort et elle a été glorifiée dans le ciel, à l’exemple de son Fils unique Jésus Christ.

Pie XII

La fête de l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie est une très belle fête : nous qui vivons sur la terre, nous tournons notre regard vers le ciel où le Père des miséricordes nous attend avec toute la cour céleste. Et une semaine plus tard, le 22 août, nous fêtons Marie Reine, la Reine sur le cœur de Dieu, la Reine du monde et de nos cœurs reconnaissants : « Salut, ô Reine de miséricorde ! Notre vie, notre douceur, notre espérance, salut ! »

Nancy de Montpellier

Séjourner dans un monastère : cinq conseils

Passer quelques jours de détente dans un monastère ou une abbaye : cela peut sembler merveilleux ! Mais est-ce vraiment quelque chose pour moi, nous direz-vous ? Rassurez-vous, l’hospitalité est inscrite dans l’ADN des moines. Cependant, il est préférable de connaître certaines règles en vigueur dans ces lieux avant de frapper à la porte de l’hôtellerie. Dans cet article, nous vous donnons quelques conseils.

Les monastères se trouvent souvent dans des environnements magnifiques, comme ici l’abbaye des prémontrés à Juaye-Mondaye, en Normandie.

UN COUVENT N’EST PAS UN HÔTEL

Quiconque descend par une journée ensoleillée à Postel, à la frontière belgo-néerlandaise, sait qu’il peut y avoir beaucoup de monde. L’endroit est un peu caché dans les bois et on passe facilement sans le voir. Néanmoins, des hordes de touristes se rendent dans les nombreuses friteries, salons de thé et restaurants situés à proximité immédiate de l’abbaye des prémontrés. Les sportifs se retrouvent à la porte du monastère pour une balade à vélo ou une marche. Postel n’est pas un cas unique. Les monastères et les abbayes, aussi isolés soient-ils, sont très souvent des attractions touristiques. Passer quelques jours dans un environnement aussi beau devient alors très tentant. Cependant, l’hôtellerie d’un monastère ou d’une abbaye n’est pas un hôtel. Cela se remarque immédiatement dans les chambres. Elles sont généralement très sobres : un lit, un lavabo, une armoire, une table et une chaise. Il n’est pas rare que les douches et les toilettes se trouvent dans le couloir. Si vous aimez d’être servis au doigt et à l’œil, séjourner dans une abbaye vous décevra. Parfois il est demandé aux hôtes de donner un coup de main pour faire la vaisselle et dresser la table.

AU RYTHME DES MOINES

Au couvent, on vit au rythme des religieux. Autrement dit : « Quand on est à Rome, on fait comme les Romains. » La régularité de la vie monastique se retrouve dans les quartiers des hôtes. Par exemple, les repas sont pris à heure fixe. Les frères et sœurs apprécient que vous assistiez au moins à certains offices de prière (voire à toutes). Les pères trappistes de Chimay fermeront probablement les yeux si vous ne vous présentez pas aux vigiles à quatre heures du matin… Le respect du mode de vie des moines va de soi. La discrétion est de mise, surtout lorsqu’on est invité dans une communauté contemplative. Certains moines ou moniales (des sœurs contemplatives) aiment bien bavarder… mais n’insistez pas. Il en va de même pour les autres invités.

N’AYEZ PAS PEUR DU SILENCE

Autant il peut y avoir du bruit à l’extérieur des murs du monastère, autant c’est calme dans les quartiers des hôtes. Pour garder le calme – les chambres, souvent situées dans des bâtiments anciens, sont assez mal insonorisées – il est préférable d’éteindre son téléphone portable. Passez vos appels à l’extérieur ou dans une pièce prévue à cet effet. De même, il est déconseillé d’avoir des conversations dans les couloirs, tout au plus aux chuchotements. Quelques jours de silence : pour la plupart des gens, cela semble formidable. Néanmoins, un séjour dans une abbaye peut être assez éprouvant. N’oubliez pas que dans certaines maisons, même les repas se déroulent en silence, avec ou sans musique classique en fond sonore. À Orval, par exemple, même dans le jardin des hôtes, les gens parlent à voix basse. Toutefois, des occasions ne manquent pas pour sortir du silence. En tant qu’hôte à Orval ou à Maredsous, pourquoi ne pas s’aventurer dans les bois ? Dans la plupart des résidences monastiques, vous pouvez vous rendre dans une salle de détente pour prendre un café et bavarder. J’ai séjourné une fois dans un monastère où, le soir, le père hôtelier nous a offert une délicieuse bière trappiste…

QUESTION CENTRALE : CELA ME CONVIENT-IL ?

Lors de votre première visite, un père ou une sœur se fera un plaisir de vous guider dans le dédale des couloirs et des portes. Mais en réalité, il faut se débrouiller. On s’en aperçoit parfois même avant d’arriver à destination : les visiteurs d’une abbaye, se fiant à leur GPS, se retrouvent parfois littéralement dans une impasse… Dans un hôtel, vous pourriez vous adresser à la réception 24 heures sur 24, mais dans les petits monastères, il est tout à fait possible que le père hôtelier rende également visite aux malades dans les villages, fasse lui-même des courses ou soit chauffeur pour des frères âgés. Un dépliant sur les modalités pratiques, qui se trouve dans votre chambre, peut vous aider. Si vous souhaitez séjourner dans un monastère pendant un certain temps, il est préférable de vous demander au préalable si cela vous convient. J’ai déjà indiqué qu’un tel endroit n’est pas un hôtel. Il arrive aussi que des personnes veuillent échapper au brouhaha du quotidien ou mettre de l’ordre dans leur vie. Ils font alors escale dans une abbaye. Si vous vous sentez mal dans votre peau, rester dans un isolement relatif n’est pas toujours une bonne solution. Il est, bien sûr, possible de demander un entretien avec une sœur ou un prêtre, mais les moines ne sont généralement pas formés pour conseiller les personnes ayant des problèmes psychologiques.

Orval (province de Luxembourg): les ruines de l’ancienne abbaye et la façade de la nouvelle église

OUVREZ YEUX ET OREILLES

Quelle que soit l’hospitalité des moines, des pères, des frères et des sœurs, certaines portes resteront toujours fermées aux visiteurs. Dans n’importe quel monastère, vous rencontrerez régulièrement des panneaux indiquant « cloître » ou « claustrum ». Derrière ces panneaux se trouvent les quartiers privés des résidents. Le fait que vous ne soyez pas autorisé à y entrer est une question de respect d’intimité. Pour le reste, il s’agit de garder les yeux et les oreilles ouverts. Chaque monastère a son propre charme. À Tongerlo, c’est l’ancienne allée de tilleuls – la plus ancienne de l’Europe ? – qui vous mène, tel un tapis rouge, à la porte du monastère. À Averbode, l’opulente église abbatiale sert de cadre aux vêpres grégoriennes, tandis que les moines de Chevetogne plongent leurs hôtes dans la liturgie byzantine (avec beaucoup d’encens !). Au travers les différents styles, de la splendeur baroque jusqu’à une très grande sobriété, le chemin de la quête de Dieu a produit dans nos régions une beauté qui ne laissera personne indifférent.

Glenn Geeraerts