Prier comme Jésus

Les Pères de l’Église en étaient conscients : prier ne va pas de soi. Trouver une méthode de prière qui nous convienne demande souvent une certaine recherche. C’est pourquoi nous vous donnons quelques conseils. Et, en la matière, il n’y a pas meilleur précepteur que Jésus, comme le prouve le Notre Père.

Si vous êtes abonné à notre revue, il y a de fortes chances que vous soyez pratiquant régulier. Certains d’entre vous ont sans doute la possibilité de célébrer l’eucharistie tous les jours. D’autres, en revanche, regardent la messe à la télévision ou suivent les émissions de KTO. Tous ces chemins sont bons et utiles. Car, pour les catholiques, quoi de mieux que la rencontre avec le Christ vivant lors de la communion ?

En parlant de rencontre… nous nous réjouissons bien évidemment d’être entourés par d’autres personnes. Que vous vous rendiez le samedi ou le dimanche dans l’église de votre paroisse ou que vous participiez à la messe dans un monastère ou une abbaye, vous percevez que vous faites partie d’une communauté de croyants. Et vous pouvez même éprouver ce sentiment à distance, lorsque vous regardez la messe télévisée depuis votre fauteuil, votre lit d’hôpital ou à la maison de repos.

Intimité

Faire partie d’une communauté célébrante ne signifie pas pour autant que nous pouvons négliger notre prière personnelle. Le soleil ne brille pas tous les jours dans notre cœur. Parfois, on y trouve de la pluie, de l’orage ou un épais brouillard dans lequel nous risquons de nous perdre. Dans ces moments de tristesse, de crainte ou de frustration, il peut être salutaire de faire un retour sur nous-même et de nous tourner vers le Seigneur en toute simplicité. C’est l’essence-même de la prière.

Le soleil ne brille pas tous les jours dans notre cœur. Parfois, on y trouve de la pluie, de l’orage ou un épais brouillard.

« Aucune communauté ne peut prendre en charge ni porter ma colère, ma rage ou ma déception », écrit le journaliste Leo Fijen. « Aucune abbaye, aucune paroisse ne peut effacer la douleur de nos vies. Nous ne pouvons pas nous passer de cette communauté, à la périphérie, qui écoute notre souffrance, mais cette communauté ne peut entrer dans notre intimité. Heureusement, la prière peut le faire : accueillir Dieu les mains ouvertes et nous savoir reliés à Lui dans notre intimité la plus profonde. »

(c) Unsplash / Zac Durant

Par où commencer ?

Je n’ai jamais appris à prier. Je n’ai ni le temps ni la patience. J’essaie de prier le chapelet tous les jours, mais je me laisse trop facilement distraire. Je ne sais pas par où commencer. Je veux prier, mais je ne trouve pas les mots justes. Je n’arrive plus à prier depuis le décès de mon mari…

Les raisons pour lesquelles nous n’arrivons pas à prier ne manquent pas. Peut-être est-ce tout simplement parce que nous n’avons pas trouvé la bonne ‘méthode’ de prière, c’est-à-dire celle qui est la mieux adaptée à notre personnalité, à un moment précis de notre vie.

Une de mes amies lisait chaque jour deux chapitres de l’évangile et méditait sur quelques textes de la Bible. Mais les maux de la vieillesse ont rendu cette tâche de plus en plus difficile. Elle avait du mal à se concentrer sur des passages longs ou complexes. Aujourd’hui, elle a ‘redécouvert’ le chapelet de sa jeunesse et sa prière est à nouveau bien vivante.

Apprendre de Jésus

Il faut donc parfois tâtonner avant de trouver une façon de prier qui porte du fruit et ait du sens. Dans les prochains articles, nous vous présenterons quelques méthodes qui ont ‘fait leurs preuves’… même si prier n’est pas nécessairement plus facile ou plus fluide parce que l’on a de l’expérience en la matière. À ce sujet, le pape Benoît XVI disait : « Nous devons apprendre à prier comme si nous devions maitriser cet art encore et encore. Même ceux qui sont très avancés dans leur vie spirituelle continuent d’éprouver le besoin d’apprendre constamment de Jésus pour apprendre à prier de manière authentique. »

Nous devons apprendre à prier comme si nous devions maitriser cet art encore et encore.

Mais comment ‘apprendre de Jésus’ ? Il ne faut pas chercher bien loin, car Il donne l’exemple dans l’évangile en priant le Notre Père. Une prière qui résonne dans la bouche des chrétiens depuis plus de 2000 ans. Ceux qui veulent revitaliser leur prière peuvent commencer par celle que le Fils adresse à son Père.

La traversée du désert

Réaliser que Jésus nous a précédés dans la prière peut nous aider à ne pas réciter le Notre Père comme une routine, à la hâte, mais bien lentement, avec de courtes pauses en phase avec la ponctuation. Réfléchissons à chaque phrase du Notre Père. Certains seront étonnés – même s’ils ont prononcé ces mots des milliers de fois – de constater qu’il y a sept demandes dans le Notre Père. Essayons de les laisser pénétrer en nous.

Une tradition ancienne dit que, pour bien comprendre et méditer le Notre Père, il faut le réciter à l’envers, en commençant par la dernière ligne. Au début, nous avons alors l’homme désespéré – délivre-nous du mal et ne nous laisse pas entrer en tentation. Ensuite, nous cheminons vers Dieu – qui est aux cieux – via un chemin de pardon – pardonne-nous nos offenses. Le texte du Notre Père nous rappelle ainsi les 40 années de voyage du peuple d’Israël. Ce qui a commencé dans le désert, lieu d’épreuve et de désespoir, s’est achevé dans la Terre promise.

Glenn Geeraerts
adaptation : Michel Charlier