« Si la foi est vivante, le reste suivra »

Un moine qui devient évêque, cela n’arrive pas souvent. Lorsque Lode Van Hecke, le père abbé d’Orval, fut nommé évêque de Gand en novembre 2019, les caméras de télévision se sont dirigées sur lui. Lui-même resta calme en apparence, bien qu’il fût inquiet : les adieux de ses frères dans l’abbaye ne seraient-ils pas trop difficiles pour lui ? Mais bientôt un autre problème surgit qui exigea toute l’attention du nouvel évêque. Quelques semaines seulement après l’ordination de Mgr Van Hecke, voilà que le confinement dû àu covid paralysa la vie publique : « Pour de nombreux croyants, la crise de du covid s’est avérée être un moment de vérité. »

Lorsque Lode Van Hecke fut nommé évêque de Gand, le cardinal De Kesel lui conseilla de préserver « son âme de moine ». Il faisait allusion à la vie de l’Abbé Lode Van Hecke pendant 45 ans, moine dans l’abbaye trappiste d’Orval – à l’exception de quelques déplacements à Rome et en Amérique latine. Le moine est-il différent du prêtre moyen ?
Une question difficile, selon Mgr Lode. « Peut-être que mes collaborateurs savent mieux répondre que moi à cela : un moine en tant qu’évêque. Soi-même on n’y fait pas attention. Après tout, ce n’est pas comme si je n’étais que moine. Je suis juste moi-même. »
« Il y a beaucoup de clichés sur la vie monastique, admet-il. On croit, par exemple, que dans une abbaye on est complètement coupé du monde ! Quelqu’un m’a dit qu’il reconnaissait en moi le moine quand je présidais la célébration eucharistique. Il a remarqué que j’attache de l’importance aux moments de silence pendant la célébration. »

COQUILLAGES SUR LA PLAGE

« L’Église fait face à de grands défis. Ma réaction spontanée est souvent de dire aux gens : revenons à l’essentiel au lieu de mettre beaucoup d’énergie dans toutes sortes de structures qui ne fonctionnent plus. C’est peut-être une réaction typique pour un frère ou un père ? » demande Mgr Lode. « À l’âge de 26 ans, j’ai choisi la vie monastique. Quand je suis entré à Orval, j’ai tout laissé derrière moi pour me consacrer à une seule cause : la foi de l’Évangile. Et cela a entraîné que je sois souvent absent de toutes ces discussions sur l’avenir de l’Église.
« Voyez, nous sommes tous fascinés par les coquillages sur la plage. Il y en a même certains qui en construisent toute une collection, et c’est assez fascinant. Mais il n’y a plus de vie dans ces coquilles, elles ne sont rien de plus que des squelettes. Le mollusque lui-même, la créature vivante, en a disparu. Au cours des dernières décennies, nous nous sommes grattés la tête sur les moyens d’amener plus de gens dans l’Église. Alors que : si la foi elle-même est vivante, le reste viendra naturellement. »

Défis : un mot qui revient plusieurs fois dans notre conversation, surtout quand il s’agit de l’avenir de l’Église et de la religion dans nos ré-gions. La période de crise dans laquelle se trouve l’Église rappelle à Mgr Lode l’exil du peuple de Dieu, comme on peut le lire dans l’Ancien Testament : « Les Juifs ont tout perdu. Les choses mêmes auxquelles ils avaient attaché le plus d’importance – leur pays, la royauté, le temple – n’existaient plus. En raison de leur pérégrination à travers le désert, ils ont été forcés de revenir à l’essentiel : la foi de la Bible. »

À UNE TABLE AVEC UN MASQUE

En parlant de crise… Lorsque Lode Van Hecke a été ordonné évêque le 23 février 2020, il avait déjà réfléchi à son engagement. « Nous avions un beau plan », se rappelle-t-il. « Durant dix semaines, je visiterais tous les doyennés de mon diocèse. Et puis la pandémie du coronavirus a éclaté. Parce que personne ne savait combien de temps durerait le confinement, nous avons changé nos plans. J’ai pris beaucoup de temps pour écouter. Tout cela est devenu beaucoup plus personnel et profond. »
« Pendant un certain temps, même célébrer l’Eucharistie n’était plus possible. J’étais un nouveau venu à Gand et, malgré toutes les limitations, je voulais toujours savoir quels étaient les besoins des habitants de notre diocèse. Ainsi, tous les samedis après-midi, en portant un masque je me suis assis à une table dans l’église, attendant ceux qui se présenteraient. Les gens sont venus sponta-nément s’asseoir en face de moi. »


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Ouvert à l’avenir

À la fin de ce mois, le 27 novembre, commence l’Avent. Comment pouvons-nous vivre de manière significative cette « période forte » ? Nous l’avons demandé à Carine Devogelaere, sœur Annonciade d’Heverlee. «L’Avent est un moment pour pratiquer l’espérance », écrit-elle.

Quiconque est attentif aux informations d’aujourd’hui, que ce soit dans la presse écrite ou sur le petit écran, découvrira la misère et les souffrances du monde entier. Lorsqu’il s’agit de nous projeter vers l’avenir, nous li-sons et entendons presque exclusivement des scénarii apocalyptiques et l’annonce de catastrophes imminentes. Écologiquement, le monde est sur le point d’atteindre le moment de sa destruction. Politiquement, des choses étranges se produisent lors des élections démocratiques. Les guerres et la violence n’ont pas de fin.
Ce ne sont pas seulement les médias qui nous donnent des messages négatifs. Nous sommes également coupables de relever tout ce qui ne va pas et nous le projetons dans le futur. Les virus menacent notre santé et notre vie sociale. Nous voyons les réfugiés et les demandeurs d’asile comme un problème majeur. Le changement climatique menace notre prospérité. Pour les croyants, le fait que de nombreuses églises se vident est un sombre présage de la disparition de l’Église. Nous sommes tous devenus prophètes d’une seule vision : celle de notre chute et de la victoire du mal.

« C’EST DÉJÀ COMMENCÉ »

Cependant, celui ou celle qui lit les livres des prophètes dans la Bible devra toujours faire face à deux types de visions sur l’avenir. Côte à côte et parfois presque alternativement, les prophètes disent que tout va à la damnation mais aussi que Dieu apportera le salut et le bonheur. Parce que Dieu veut que les gens trouvent la vie. Par conséquent, dans les lectures liturgiques de l’Avent, nous entendons une sélection des visions pleines d’espoir et prometteuses de bonheur du prophète Isaïe. Cette sélection nous conduira à la naissance du Messie.
Isaïe dit : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus aux choses passées. Voici que je vais faire du nouveau qui déjà paraît, ne l’apercevez-vous pas ? » (Is 43, 18-19). Et Jésus dit à ses disciples que le Royaume de Dieu est parmi eux. L’avenir que Dieu nous promet est visible presqu’à chaque page de la Bible. Son Royaume de justice et de paix est annoncé dans des textes explicites, tels que les visions des prophètes qui nous promettent le salut. Et dans les évangiles, Jésus montre, par sa façon d’agir, comment un autre monde est possible.

PRATIQUER L’ESPÉRANCE

Les gens ont besoin d’espérance. Ils aspirent à des mots et à des signes qui leur ouvrent un avenir. Comment se fait-il que ces signes semblent si faibles en nous et autour de nous ? Pourquoi n’atteignent-ils pas le domaine public ? À cause du manque de connaissance ou de notre naïveté ? En tant que croyants, nous sommes appelés à « rendre compte de l’espérance qui est en nous » (1 P 3, 15).
L’Avent est certainement un temps excellent pour pratiquer l’espérance. Chaque jour, prenons un moment pour nous arrêter et essayer de lire, entre les lignes de notre temps, les signes d’un avenir plein d’espérance. Les exemples des autres peuvent nous inspirer.
Dans le livre de la Genèse, nous lisons comment Abraham reçoit de Dieu la promesse d’une nombreuse descendance. Or, sa femme Sara est mé-nopausée depuis longtemps. Même lorsque tout espoir a disparu, « Abraham a continué à espérer et à croire qu’il deviendra le père de nombreuses nations, comme Dieu le lui avait promis : « Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi le père d’une multitude de peuples » (Rm 4,18).

NE BAISSEZ PAS LES BRAS

Dans le livre de l’Exode, nous lisons comment les Israélites sont engagés dans un combat contre les Amalécites pendant que Moïse prie pour qu’ils puissent gagner la bataille. Tant qu’il lève les bras en prière, les Israélites gagnent. Mais c’est une attitude fatigante et le texte raconte : « Tant que Moïse tenait ses bras levés, Israël était le plus fort, quand il les laissait retomber, Amaleq avait l’avantage. » C’est pourquoi deux hommes devaient lui soutenir les bras (Ex 17, 11-13). Cette histoire montre comment les autres peuvent être un soutien pour continuer à espérer et à faire confiance. Ne dit-on pas que celui qui perd courage ou espoir baisse les bras ?
Dans l’Évangile de Luc, nous lisons comment Syméon, un homme âgé de Jérusalem, a vécu toute sa vie dans l’attente de la venue du Messie. Et un jour, le Saint-Esprit lui inspire d’aller au temple. Parce qu’il a appris à regarder les gens avec un regard plein d’espoir, il reconnaît le Sauveur du monde dans le petit enfant que Joseph et Marie apportent (Lc 2, 25-32).

AVEC ET COMME MARIE

Comme Syméon, Marie était une des Juives qui attendaient avec espérance le Messie. Chaque Avent, nous nous souvenons de la façon dont elle a vécu cette attente. Comme aucune autre, elle attendait avec impatience la naissance de Jésus, ‘Emmanuel, Dieu avec nous’. Elisabeth, sa parente, la loue joyeusement parce qu’elle a eu confiance en la réalisation de la promesse de Dieu. Alors Marie chante dans son Magnificat son espérance d’un monde nouveau (Lc 1, 46-55). Dans ce chant d’action de grâce, il devient visible combien Marie est consciente des abus qui existent dans le monde où elle vit. Les Romains occupent le pays. Il y a un fossé entre les riches et les pauvres. Beaucoup de gens ont faim. Mais Marie voit au-delà de tout ce négatif. Elle exprime son espérance et sa confiance en Dieu qui accomplira sa promesse d’un nouvel ordre mondial.
Les informations sur Marie sont rares dans les évangiles. Mais Luc décrit comment, à la naissance de Jésus et plus tard aussi quand elle le trouve dans le temple de Jérusalem, elle garde tout ce qu’elle vit dans son cœur. Là, elle nourrit son espérance, même si cela n’a pas dû être facile. Après la mort de Jésus, nous retrouvons Marie avec les apôtres qui attendent la venue de l’Esprit Saint. Marie reste avec eux comme une présence pleine d’espoir. Car elle avait fait l’expérience de la puissance de l’Esprit de Dieu.

À Noël, nous célébrons comment Dieu vient à nous, comment Il nous ouvre un avenir. Son incarnation et plus encore sa résurrection sont les signes convaincants qu’Il tient sa promesse. La vision de l’avenir qu’Il a ouverte peut alors nous inspirer à vivre avec espérance et confiance dans nos cœurs. Nous remercions Dieu pour tous ceux qui gardent cette espérance éveillée en eux. Qu’ils nous enseignent à voir à quel point est grande l’espérance à laquelle nous sommes appelés.

Sœur Carine Devogelaere

Cet article a été publié dans notre revue Marie, médiatrice et reine de novembre 2022.

Marie, souffrante par amour

par Père Jos Van den Bergh, s.m.m.

Comment gérer la souffrance de quelqu’un que vous connaissez bien ?
En ce moment, un de mes proches souffre de plus en plus de « brouillard dans sa tête », ce n’est pour moi plus une question sans engagement. Eh bien, que faites-vous lorsque vous voyez un ami ou un membre de votre famille souffrir ?

Cela va vous arriver : vous êtes emmené au service des urgences parce que quelque chose cloche. Mais vous ne savez pas ce qui se passe. Plusieurs examens se succèdent. Le cerveau bourdonne, comme si une guêpe s’était trompée de direction et continue de tourner dans la tête. Et vous ne pouvez plus penser clairement. On vous demande toutes sortes de choses, mais les réponses ne viennent pas. Vous dites n’importe quoi. Vous vous rendez compte au fond de vous que vous donnez l’impression de ne plus être capable de bien réagir. Il y a un court-circuit quelque part dans la tête…

Un combat intérieur
Cela arrive à tant de personnes qui souffrent d’une forme de déficience cognitive. Et les gens sont vite là pour juger, car un trouble cognitif vous dirige rapidement vers la psychiatrie. Vous, vous menez un combat intérieur, parce que vous ne voulez pas être considéré ainsi. Le terme psychiatrie est encore aujourd’hui perçu négativement et on vous place rapidement dans la catégorie des personnes qui ne peuvent plus se prendre en charge, qui doivent être internées, car elles ne sont plus adaptées à la société ou vice versa.

Cela arrive à tant de personnes. Tant d’hommes et de femmes en font l’expérience, de sorte que beaucoup de personnes y sont impliquées, elles n’ont pas de choix. Lorsque quelqu’un ne se souvient plus du nom d’un être cher ou oublie facilement qu’il a un rendez-vous, il commence rapidement à penser : est-ce que je souffre de la maladie d’Alzheimer ? Ou ai-je les premiers signes de démence ? Et puis la réponse est : peut-être oui, peut-être pas.

L’impuissance ?
On commence à se poser de plus en plus la question du fonctionnement de son cerveau. Le souvenir de personnes qui ne sont plus autonomes ou d’autres qui semblent être absentes alors qu’elles sont assises à côté de vous, vous vient à l’esprit. Peut-être des cas pires encore. Y a-t-il une souffrance plus grande que de tourner en rond dans la tête, réalisant que cela ne va plus ? Vous êtes en train de bourdonner, pensée après pensée dans votre esprit.

Comment réagir lorsqu’un enfant ou un partenaire se recroqueville de douleur ? Que faites-vous lorsque les médecins n’ont pas de solution et que vous-même êtes impuissants ?

Je m’imagine que c’est terrible, même s’il ne s’agit pas de mon cas personnel. Je décris la situation parce que j’y suis confronté. Ce sont de grandes souffrances et comment réagit-on ? Comment les gérer? Comment gérer la mort soudaine d’un frère ou d’une soeur ? Que faire lorsqu’à l’hôpital, après avoir fait des examens, on vous annonce une maladie grave ? Comment réagir lorsqu’un enfant ou un partenaire se recroqueville de douleur ? Que faites-vous lorsque les médecins n’ont pas de solution et que vous-même êtes impuissants ?

Comment Marie a souffert
Pour autant que nous le sachions, le coeur de Marie, la mère de Jésus, a été blessé à plusieurs reprises. Par rapport à elle, les évangélistes citent des situations concrètes semblables à ce qui peut nous arriver à tous. On vient lui dire que l’on se pose des questions par rapport à son fils à l’oeuvre. On dit même qu’Il commence à devenir fou, qu’Il prêche toutes sortes de choses qui font plaisir à beaucoup, mais qui font peur à d’autres.

Il y a de l’agitation à Capharnaüm, où Il se trouve actuellement avec des amis. Marie s’y rend au plus vite car elle veut voir ce qui se passe avec son fils. C’est un si bon garçon, Il a trouvé des amis avec qui il circule en faisant le bien. C’est au moins ce qu’on dit, mais apparemment tout le monde ne le comprend pas. Pourtant, Il ne fait que du bien, et Il a le don de la parole.

De fait, certains sont très mal à l’aise. À cause de son succès, ils perdent l’autorité sur le peuple. Ils préfèrent qu’Il parte au lieu d’arriver. Ils n’aiment pas écouter son fils qui a appris de son père comment se comporter correctement et être honnête, comment interpréter les choses et les faire comprendre aux autres. À la maison, Il écoutait attentivement quand nous parlions de l’histoire de notre peuple.

Persister dans l’amour
Comme vous pouvez le voir, j’essaie de faire preuve d’empathie et d’entrer en contact avec ce que vit une mère qui s’appelle Marie, mais qui traverse ce que vivent de nombreux mères et pères. Qu’est-ce que cela signifie pour nous lorsqu’elle agit et ne reste pas inactive lorsqu’on lui parle de son fils ? Elle part, parce qu’elle veut savoir et voir de ses propres yeux.

Ce que j’apprends de cette mère, Marie, c’est sa persévérance, sa persistance dans l’amour.

Elle veut le serrer dans ses bras et sentir que malgré tout Il va bien. Elle obtient une réponse très difficile et quelque peu brutale de Lui-même lorsqu’Il demande à haute voix : « Qui est ma mère ? » Mais elle l’ignore, parce qu’elle sait ce qu’Il veut dire. Elle réalise aussi que les circonstances ne sont pas faciles pour Lui, et qu’Il doit être un peu fatigué.

Ce que j’apprends de cette mère, Marie, c’est sa persévérance, sa persistance dans l’amour. Quoi qu’il arrive, elle continuera à aimer son fils. Parce qu’elle Le connaît et Lui fait confiance, parce qu’elle arrive à relier ses paroles et ses actes. D’après elle, on ne Le comprend pas. Elle compatit, Il est le sang de son sang. Depuis des années, elle sait qu’il y a bien plus que ce qui est visible aujourd’hui. Elle sent qu’Il fera de grandes choses, elle le savait depuis longtemps, déjà avant sa naissance.

Le pèlerinage à Notre-Dame de Walcourt

La basilique de Walcourt, petite ville au cœur de l’Entre-Sambre-et-Meuse, abrite l’une des plus anciennes statues mariales de la chrétienté occidentale. Célèbre est la procession annuelle en l’honneur de Notre-Dame de Walcourt, le jour de la Trinité. Cette année, le dimanche 12 juin, la cité mariale vibrera à nouveau au son des fifres et des tambours après deux années de Trinité « autrement ». 

D’après la tradition rapportée de différentes façons, le miracle du Jardinet, survenu en 1228 est à l’origine de la vénération de Notre-Dame de Walcourt. Alors que la collégiale (qui sera élevée au rang de basilique en 1950) était en proie aux flammes, les témoins oculaires de l’époque virent la statue s’élever de celles-ci – tantôt portée par les anges, tantôt précédée de colombes blanches selon les versions – pour se poser dans un arbre au lieu-dit « Jardinet », situé en contre-bas de la vallée.

Devant l’impossibilité de l’en déloger, les habitants du bourg firent appel à Thierry, seigneur de Walcourt, qui, après l’avoir vainement suppliée par trois fois de descendre de son reposoir, promit à la sainte image de construire une abbaye en ce lieu. Touchée par cette offre, la Vierge serait alors descendue dans ses bras, se laissant ensuite ramener triomphalement à son autel. 

Et la tradition orale de faire son office : le bruit de ce double miracle se répandit comme une trainée de poudre et les habitants, tant de Walcourt que des environs, voulurent voir et emporter une partie de l’arbre sur lequel la statue s’était réfugiée. 

C’est pour commémorer cet évènement merveilleux qu’on a institué, sans doute immédiatement après, une procession qui aurait désormais lieu tous les ans. En effet, s’il faudra attendre cent ans après les faits pour en obtenir une première mention écrite (1329), le texte en question relate déjà la procession comme étant une coutume bien ancrée depuis longtemps dans la localité. D’autres miracles attribués à Notre-Dame de Walcourt étofferont rapidement son rayonnement et son culte en Belgique, en France, en Allemagne et jusqu’aux Pays-Bas.  

LE PÈLERINAGE 

La pratique du pèlerinage, que le christianisme a considérablement développée, remonte à ceux que les Juifs entreprenaient pour se rendre au temple de Jérusalem. Les premiers chrétiens inaugurèrent cette démarche dès les premiers siècles de la chrétienté en se rendant sur les tombes des saints et des martyrs. Durant tout le Moyen-Âge et surtout vers l’an 1000, la ferveur religieuse se traduisit par de nombreux voyages en l’espèce. Parfois, le pèlerin s’imposait lui-même des conditions pénibles : marcher pieds nus, porter des chaînes etc. 

Jadis, les pèlerinages « expiatoires » avaient aussi vocation judiciaires et étaient infligés aux personnes coupables de crimes ou de délits. Ces pèlerinages, au nombre desquels figurait celui à Notre-Dame de Walcourt, se retrouvent dans toute la Belgique et presqu’à toutes les époques. Le traité conclu le 7 mai 1318 entre le chapitre de Fosses et la commune de Walcourt relate que vingt bourgeois furent condamnés à faire un pèlerinage à Notre-Dame de Walcourt. À ce titre, le pèlerinage Fosses-Walcourt est toujours vivace actuellement : chaque année, les membres de la confrérie Saint-Feuillen de Fosses-la-Ville effectuent leur périple annuel à pied vers la cité mariale au mois de juin. Cette année, ce sera le samedi 18 juin 2022. 

Depuis le miracle de 1228, le culte rendu à Notre-Dame de Walcourt n’a cessé de se répandre et de croitre à travers le pays. Le pèlerinage annuel déploie ses fastes le jour de la Trinité – le dimanche qui suit le Lundi de Pentecôte – où pèlerins et Marches militaires accompagnent Notre-Dame tout au long du « Grand Tour », son périple annuel de 7 km autour de la localité. C’est le point d’orgue de la neuvaine de pèlerinage, celui-ci s’étalant sur neuf jours.  

LA MARCHE ET LA FOI 

Aujourd’hui, en règle générale, la route est encore pédestrement effectuée par des pèlerins qui sont liés par des promesses ; et le Grand Tour est toujours accompli tout au long de l’année par ceux qui ont conservé cette dévotion particulière et singulière pour Notre-Dame de Walcourt. Les apparitions de Banneux et de Beauraing (1932-1933) ont déplacé l’ardente foi mariale de Belgique dans les localités précitées, là où l’on a pris soin de développer des structures d’accueil et des sanctuaires propices à la fréquentation des foules. En outre, il faut bien reconnaitre qu’à Walcourt comme ailleurs, le folklore a pris le dessus sur la démarche pèlerine.  

Walcourt continue néanmoins d’attirer, notamment le jour de la Trinité. Durant tout le weekend, le temps se fige pour laisser place aux imposants soldats qui constituent l’escorte à Notre-Dame. Le spectacle est coloré, le défilé est solennel. La Marche et la Foi se complètent mutuellement : à Walcourt, l’une ne se conçoit pas sans l’autre. Cette année, le dimanche 12 juin 2022, la cité mariale vibrera à nouveau au son des fifres et des tambours après deux années de Trinité « autrement ». 

UNE DÉVOTION ARDENTE 

Et Notre-Dame de Walcourt est là, plus belle et plus majestueuse que jamais, veillant inlassablement sur les affligés qui cherchent la consolation. Abritée dans le transept nord de la basilique Saint-Materne, elle fait toujours l’objet d’une dévotion ardente ; certes moins visible qu’auparavant, mais vivante. Chaque événement dont elle fait l’objet attire une quantité considérable de visiteurs, de curieux, d’admirateurs discrets et sincères. Les nombreuses neuvaines et les innombrables cierges brulés chaque semaine sont les signes visibles d’un amour toujours ardent et bien vivace. Et durant les neuf jours de pèlerinage (la grande neuvaine de la Trinité), la basilique n’est jamais vide et, osons le dire, Notre-Dame ne reste jamais seule. 

La période s’étalant de 2025 à 2029 comportera de nombreuses dates anniversaire en lien avec Notre-Dame de Walcourt, sa basilique, son couronnement, ses miracles, sa procession… Le présent article se veut l’introduction juste, nécessaire et préalable aux nombreux événements à venir. Dans l’attente de ces années fastes, les membres du clergé de la paroisse Saint-Materne, les Gardiens de la Vierge et le comité de la Marche militaire Notre-Dame de Walcourt vous donnent rendez-vous le dimanche 12 juin 2022. 

Florian Lepinne 

Plus d’infos : 
florian.lepinne@outlook.be 
trinite-walcourt.be 
Le pèlerinage Fosses-Gerpinnes-Walcourt : micjacques2009@gmail.com 

Pourquoi le Vendredi Saint mène à la joie pascale

Que peut signifier, pour notre époque, la dernière semaine de la vie de Jésus, telle que décrite dans l’Évangile ? « Le chemin que le Christ a parcouru entre le Dimanche des Rameaux et Pâques, en passant par le Vendredi Saint, nous invite à la méditation », écrit l’abbé Urbain Muswil. « C’est le miroir de nos vies qui fluctuent. »

Entre les belles paroles d’accueil du Dimanche des Rameaux, « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur » (Lc 19, 38) et la nouvelle de la résurrection, « Il n’est pas ici, il est ressuscité » (Lc 24, 6), il y a ces paroles intermédiaires du Vendredi Saint : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » (Lc 23, 21).

En effet, le public, influent et majoritaire, a eu raison de l’autorité établie. Il l’a contrainte, d’une part, à prononcer la peine de mort d’un innocent et, d’autre part, à prononcer l’amnistie général envers un criminel. « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais, chez vous, c’est la coutume que je vous relâche quelqu’un pour la Pâque : voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ?’ Alors ils répliquèrent en criant : ‘Pas lui ! Mais Barabbas !’ Or ce Barabbas était un bandit » (Jn 18, 38-40).

Nous voyons Pilate impuissant devant la clameur populaire, une sorte de démocratie de masses partisanes et radicalisées. Malgré l’innocence de l’accusé et la vérité de ses enseignements, la foule, extrémiste, réclame sa crucifixion. Cette situation cache et révèle en même temps l’attitude combien hostile de notre humanité devant certaines vérités bouleversantes. Pilate et ses administrés choisissent la coutume, la tradition au lieu de la vérité qui sauve, Jésus ; ils libèrent le banditisme incarné par Barabbas et crucifient la Vérité. Mais celle-ci, étant plus forte que le complot et toute la machination, survivra.

Le Calvaire de Pontchâteau (France), érigé par saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Un chemin cahoteux
Cette situation nous montre en effet que Jésus nous fait cheminer entre la grande joie de sa naissance et la gloire de sa résurrection en passant par la passion, la condamnation et la croix. Le nouveau roi des juifs qui vient de naître sera le roi controversé, ignoré, ridiculisé, couronné d’épines et trônant du haut de sa croix. Il passe de l’humilité d’un serviteur à l’humiliation d’un inculpé, de l’accueil chaleureux aux portes de Jérusalem à la violence dans ses rues. Il passe de la vie d’un mortel à la Vie éternelle en passant par une mort violente.

Une telle évolution non linéaire de la vie de Jésus appelle à la méditation. Elle est le miroir de nos vies qui fluctuent. Nous passons d’une joie à une autre, parfois d’une réussite à de profondes tristesses ; il nous arrive de passer à la compréhension au bout d’un certain conflit, une certaine rupture ; nous traversons des époques où nous connaissons le meilleur et le pire, la maladie et la guérison. Dans la vie chrétienne, le chemin vers la joie éternelle passe par la vie quotidienne faite de petites croix, de petites passions, de petites et grandes déceptions.

Des foules fanatiques
Lors d’une séance de catéchèse avec les 11-13 ans, après avoir vu une séquence de la passion de Jésus, les jeunes catéchisés faisaient remarquer que la passion de Jésus était, selon eux, aggravée par trois faits : d’abord le public qui criait contre lui et réclamait sa condamnation ; puis le fait que Jésus portait lui-même le bois, l’instrument de sa crucifixion ; enfin, au lieu d’apaiser sa peine et sa soif, ses bourreaux lui donnaient du vinaigre et le couronnaient d’épines.

Cette remarque pertinente des jeunes fait penser au malheur que tant de personnes vivent par rapport à leurs proches. Au départ, elles se révèlent hospitalières et finalement elles deviennent violentes, agressives. Elles passent immédiatement du Dimanche des Rameaux au Vendredi Saint.

Il arrive que, d’abord chaleureusement accueillies, elles soient ensuite brutalement rejetées, abandonnées, c’est ce qui arrive. Au lieu d’offrir une aide ou montrer de la compréhension, dans notre société soi-disant hospitalière, beaucoup de fanatiques enfoncent les autres dans la misère. Ils les poussent à se renier, à divorcer, à apostasier, à
trahir ou à se venger.

Un appel pour tous les temps
Célébrer la Pâque du Christ aujourd’hui c’est exalter la victoire de la Vérité ; c’est faire de la croix un instrument significatif. En effet, après sa passion et ses souffrances endurées pour nous les hommes, après sa mort sur la croix, sa descente au séjour des morts, le Christ est sorti vivant, plein de gloire et d’honneur. Cette nouvelle continue à faire son chemin plus de 2000 ans après. La joie du chrétien est de se reconnaître aussi vainqueur de toutes les peines, les souffrances et les humiliations de ce monde.

Du Dimanche des Rameaux au Dimanche de Pâques, Jésus-Christ, l’innocent condamné triomphe de la mort et devient Seigneur et Roi. N’est-ce pas là un appel pour tous les temps, plus encore en ces années Covid et ces menaces de guerre ? Ne baissez donc pas les bras dans votre lutte, regardez le Christ en croix, mettez-vous à sa suite et avec lui vous vivrez.

Abbé Urbain Muswil
image: Llann Wé (Wikimedia Commons)

Bienvenue au Petit Lourdes

Alors que bon nombre d’églises voient leurs portes cadenassées dans notre milieu, certains lieux de prière expérimentent encore la chaleur et les va-et-vient des pèlerins qui viennent s’y ressourcer et y approfondir leur foi. Dans ces quelques lignes, nous tourneront nos yeux sur ‘Le Petit Lourdes’, un modeste sanctuaire mais attirant se trouvant à Bassenge dans le diocèse de Liège.

Malgré la fermeture des églises à plusieurs endroits, une nouvelle et belle chapelle y a vu le jour. Une interview avec le recteur – qui préfère comme titre « le jardinier » du sanctuaire – le révérend Abbé Lucien Vanstipelen.

Abbé Lucien dans la chapelle du sanctuaire

Mmr : Quelle est l’historique de ce lieu de prière, ‘Le Petit Lourdes’ ?

Abbé Lucien : Le paisible domaine de prière et de paix ‘Le Petit Lourdes’ a vu le jour vers la fin du 19ème siècle. À la mort de Bernadette Soubirous, en 1879, le curé de Bassenge François Nouwen, promoteur de la dévotion à Notre-Dame de Lourdes dans sa paroisse, à qui il attribue une guérison spectaculaire, décide de construire une grotte semblable à celle de Massabielle. En 1895, deux chemins ont été traces dans la colline verdoyante abritant la grotte et 15 chapelles représentant les mystères du Rosaire, puis quelques chapelles de saints y furent ajoutées. En plus du Rosaire, en 1905 un chemin de croix fut érigé dans la colline avec des stations marquées de grandes croix formées de troncs de chêne d’abord, et ensuite construites en briques abritant de remarquables bas-reliefs.

Pour permettre les célébrations eucharistiques au cours des quatre saisons, surtout en hiver et en temps de pluie, la nouvelle et spacieuse chapelle, construite principalement par des bénévoles et grâce à la générosité des fidèles, des entreprises et artisans de la région, fut inaugurée et bénite par l’évêque de Liège, Monseigneur Aloys Jousten, le 1er mai 2008. En 2015, Monseigneur Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, désigne ‘le Petit Lourdes’ comme un des lieux jubilaires de l’Année Sainte de la Miséricorde, initiée par le pape François. À ce titre la chapelle avait reçu une magnifique « Porte de la Miséricorde ».

En 2015, l’évêque désigne le Petit Lourdes comme un des lieux jubiliaires de l’Année Sainte de la Miséricorde

Mmr : Abbé Lucien, comment êtes-vous arrivé ici au sanctuaire, le ‘Petit Lourdes’ ?

Abbé Lucien : Je suis un fils de la région, né et grandi ici à Bassenge. J’ai fait des études de kinésithérapie et j’ai pratiqué cela pendant trois ans. J’ai été aussi conseiller communal, on a monté un groupe de théâtre… Malgré tous ces engagements, la politique et le succès professionnel, au fond de moi-même je n’étais pas satisfait de ma vie.

J’ai été élevé chrétiennement puis, comme beaucoup de jeunes à l’âge de 16-17 ans, j’ai abandonné la religion. Mais plus tard j’ai retrouvé la fraîcheur de l’évangile et j’ai découvert en moi une source, une présence, qui m’orientait vers le Christ proposant un chemin de bonheur. J’ai mis mes pas sur le chemin des béatitudes, et j’ai constaté qu’effectivement c’est un chemin de bonheur ne cherchant pas vouloir être le plus grand, le plus fort, le plus riche, paraître, mais d’être simplement soi-même, pas plus.

La grotte de Lourdes à Bassenge

Mmr : Ensuite vous avez répondu à l’appel du Seigneur.

Abbé Lucien : Oui, j’ai arrêté mon travail de kiné pour devenir séminariste-ouvrier en travaillant avec l’équipe des prêtres-ouvriers à Liège sur les chantiers de construction. Après avoir suivi des cours au séminaire de Namur, j’ai été ordonné prêtre. Au cours des cinq ans de statut de prêtre ouvrier, eut lieu le licenciement de l’entreprise. En voyant mes copains ouvriers licenciés, j’étais fâché et, avec eux, sans être moi-même licencié, j’ai participé à des manifestations. Dans la foulé j’ai déchiré tous mes papiers, l’argent et tout ce que j’avais et j’ai vécu pendant cinq ans comme vagabond, sans le moindre revenu, sans papiers vivant dans une tente, plus tard dans une grotte que j’avais creusée moi-même… des années merveilleuses en pleine nature, hors du bruit du monde.

J’ai vécu pendant cinq ans comme vagabond, sans papiers, en pleine nature

Lucien Vanstipelen

Jusqu’au jour où il n’y eut plus de curé à Bassenge. Les habitants sont venu me trouver et m’ont exprimé leur souhait. Ils avaient décidé d’aller voir l’évêque et l’ordinaire du lieu qui, à leur tour, m’ont appelé. C’est ainsi que j’ai finalement accepté de devenir curé à Bassenge et puis des sept paroisses de la vallée du Geer. Après j’ai demandé de revenir ici au Petit Lourdes où j’œuvre encore actuellement comme « jardinier », un titre que je préfère par rapport à celui de recteur.

Mmr : Quel rôle jouent Marie et la grotte du Petit Lourdes dans la vie des personnes qui affluent ici, surtout pendant cette période pandémique ?

Abbé Lucien : Marie est toujours attirée par les souffrants, les malades et les gens de toute catégorie… Avec sa gentillesse et son sourire elle console les personnes qui arrivent ici humblement. En ce temps de pandémie beaucoup de personnes en quête de paix, de tranquillité, de silence et de réconfort, aiment se retirer dans ce lieu de prière. Au pied de la grotte, les gens viennent offrir à Marie leurs fardeaux, leurs intentions, leurs joies et peines pour qu’elle les présente à son Fils Jésus Christ. Ce lieu, imprégné de plus d’un siècle de prières, dégage un climat de paix et de sérénité.

Au pied de la grotte, les gens viennent offrir à Marie leurs fardeaux, leurs intentions, leurs joies et peines

Tous ceux qui n’ont pas les moyens pour se rendre à Lourdes, en France, viennent prier Marie ici à la grotte de Bassenge. Les archives mentionnent des guérisons inexpliquées. Ce qui est incontestable, c’est que de nombreuses personnes, hier comme aujourd’hui, reçoivent au ‘Petit Lourdes’ un réel réconfort moral, physique et spirituel. Depuis plus de 130 ans, ce modeste sanctuaire marial accueille des fidèles, des promeneurs, des pèlerins…

Mmr : Monsieur le « jardinier » du Petit Lourdes, il y a-t-il un programme des célébrations dans la nouvelle chapelle du sanctuaire?

Abbé Lucien : Chaque semaine il y a des célébrations eucharistiques dans notre chapelle. Nous y célébrons aussi des baptêmes, des mariages, des funérailles… La forte fréquentation de la chapelle en hiver et en temps de pluie, nous a poussé à planifier un agrandissement. Pour matérialiser ce projet, nous avons commencé les travaux en 2021. Actuellement, grâce à son développement, on est plus nombreux à participer aux diverses célébrations.

Que Notre Dame du Petit Lourdes soutienne ceux qui travaillent jour et nuit pour le bon déroulement des activités et des célébrations au sanctuaire marial de Bassenge ; qu’elle nous aide à marcher sur les pas de son Fils Jésus Christ et nous garde dans la paix.
Père Ghislain Kasereka, s.m.m.

Le domaine de la grotte et la chapelle sont accessibles toute l’année (rue Nouwen à Bassenge). Les Amis du Petit Lourdes ont publié un bel ouvrage sur le sanctuaire. Renseignements : lucien.vanstipelen@gmail.com.

Père Ghislain Kasereka et le recteur du sanctuaire, devant la grotte

Quel avenir pour l’Église ?

Depuis un an, nous posons dans cette rubrique des questions difficiles, stimulantes et provocantes à propos de Dieu et de la souffrance dans ce monde, de notre relation avec la création, des motivations des ermites à notre époque. Nous terminons cette série par une question qui préoccupe les croyants de différentes origines : « Quel avenir pour l’Église ? » Avec l’abbé Dirk Vannetelbosch, curé à Jette, nous allons chercher une réponse. Nous tenons à avertir les lecteurs : notre interlocuteur n’a pas de boule de cristal. Mais, grâce à son engagement comme curé dans une grande ville, il a une vision claire du rôle de la religion dans une société multiculturelle.

Lorsque nous rencontrons Dirk Vannetelbosch sur la place Cardinal Mercier, coeur battant de la commune, Jette est à la hauteur de sa réputation de « village dans la ville ». Le curé de l’église Saint-Pierre vient tout juste de prendre congé d’une vieille connaissance et s’arrête pour bavarder avec un policier de passage. L’humour bruxellois multilingue n’est jamais loin. Aussi pendant notre conversation dans le presbytère, c’est un va-et-vient de voisins et de bénévoles. L’abbé Vannetelbosch, originaire du Brabant flamand, alterne en douceur le néerlandais, le français et le dialecte bruxellois – il y a quelques années, il a trimé pour apprendre le français à l’école militaire.

C’est à la fin du mois de septembre que nous nous retrouvons à Jette. Les mesures contre le coronavirus en région bruxelloise sont encore strictes. « Cependant, la vie paroissiale se remet sur les rails », dit le curé Dirk. « La célébration de l’Eucharistie est diffusée sur YouTube depuis un an et demi maintenant, mais dimanche dernier, il y avait déjà 150 personnes dans l’église. Un effet secondaire spécial de la corona est que nous avons maintenant trois groupes bibliques au lieu de deux dans notre paroisse. »

LES TRADITIONS DISPARAISSENT

À première vue, on pourrait dire que l’une des dernières paroisses néerlandophones de la capitale est en croissance. « Nous venons de loin », dit l’abbé Dirk, qui esquissant la situation à son arrivée à Jette, se réfère avec un clin d’oeil à l’histoire de la création. « Quand j’ai commencé ici en tant que curé, il y a dix-sept ans, la terre était désolée et vide. À cause des querelles entre les francophones et les néerlandophones il n’y avait presque plus de vie communautaire. Ce que nous appelons aujourd’hui ‘le presbytère’ était un ancien centre médical que nous avons transformé en lieu d’accueil pour le quartier. Après la messe, les gens peuvent y déguster un verre de porto ou une tasse de café. »

Mais tout n’est pas rose et facile, prévient Dirk : « Je peux compter sur les doigts d’une main le nombre d’inscriptions pour la catéchèse de la confirmation. Cette tradition s’éteint et ce n’est pas seulement dû à la diminution du nombre d’enfants néerlandophones dans les écoles de Jette. Des connaissances en Flandre me demandent parfois de baptiser un enfant, mais dans ma propre paroisse, il n’y a pratiquement pas de baptêmes. À l’heure actuelle, trois adultes sont sur le point de se faire baptiser dans notre église. Voilà trois points positifs : en effet, ces personnes ont consciemment choisi la foi. J’attends avec impatience avec eux la veillée pascale prochaine. »

LITURGIE CLASSIQUE

Il n’y a pas que les fidèles néerlandophones à Bruxelles qui connaissent l’abbé Dirk. Il a déjà fait la une du journal Le Soir comme « l’un des visages qui font vivre notre capitale ». Le jour de l’Épiphanie la messe en bruxellois était mentionnée lors du journal télévisé ; la bénédiction annuelle des motards sur la place de l’église est également un « événement » médiatique. Les dimanches les fidèles viennent parfois de loin : Lennik, Dilbeek, Londerzeel…

Dirk veut dissiper un malentendu : la célébration de l’Eucharistie à Jette n’est pas un théâtre dominical. « La messe en bruxellois est un cas particulier, même si elle reste classique. En fait, la liturgie dans notre église est simple, voire classique. À mes yeux, la liturgie est axée sur la communauté paroissiale. Ceux qui viennent à l’église ne doivent pas avoir le sentiment de faire partie d’un club partageant les mêmes idées, comme on le voit si souvent. »

FOI ET CULTURE

Comment le curé de Jette voit-il évoluer la participation des fidèles ? « Je ne vois pas les paroisses de Bruxelles disparaître de sitôt, même s’il y en aura sans doute moins. Dans une ville de 1 million d’habitants, on trouvera toujours un grand groupe de catholiques », dit l’abbé Dirk. « En Wallonie et en Flandre, certainement dans les zones rurales, je prédis un scénario différent. J’entends des collègues ‘de la campagne’ dire qu’ils prêchent le dimanche devant dix ou douze personnes. Après la messe, ils sautent dans leur voiture pour trouver une poignée de fidèles dans un village voisin. »

« Les gens disent parfois que la ville est le lieu où la foi renaît », constate l’abbé Dirk. « Est-ce que cela concerne aussi l’Église catholique romaine ? C’est un grand point d’interrogation. Ce qui me frappe énormément à Bruxelles, ce sont les communautés
évangéliques – les soi-disant églises pentecôtistes – qui poussent comme des champignons. En tout cas, la religion jouera un rôle important dans une ville composée de dizaines de nationalités différentes. Pour de nombreux Bruxellois, la foi est étroitement liée à leur pays d’origine. Vivre sa foi c’est un moyen de rester connecté à sa propre culture et à ses racines. »

Dirk Vannetelbosch pense que ses collègues qui exercent leur ministère ailleurs dans le pays ne devraient pas se concentrer sur la baisse du nombre de participants à l’Eucharistie, même si la baisse de la fréquentation de l’église est visible. « Avant tout il est important de savoir s’il y a des ‘personnes-ressources’ : des bénévoles qui sont prêts à porter la paroisse, qui s’engagent avec tous leurs talents. Si je devais faire seul tout le travail à Jette, il ne serait plus question des groupes bibliques, des échanges mensuels sur le deuil, de la diffusion en direct de la messe, de la splendeur florale dans notre église et de tant d’autres initiatives. »

IL NE S’AGIT PAS DE CONVERTIR

Avec d’autres responsables pastoraux à Bruxelles, le curé de Jette s’interroge sur la question de l’avenir de l’Église dans la capitale. Les questions qui se posent concernent aussi bien les communautés francophones que flamandes. « La liturgie reste un facteur important », dit Dirk. « Il faut être capable de célébrer dans des circonstances appropriées. Si demain je devais célébrer la messe dans un réduit, avec comme autel une planche à repasser, alors je ferais mieux de fermer boutique. L’exemple est exagéré, mais le message me semble clair. »

À Jette, la paroisse organise régulièrement des « journées portes ouvertes ». À cette occasion, l’église est alors plus joliment décorée que d’habitude – et cela signifie quelque chose à Jette. C’est une façon, pense Dirk, de faire de l’évangélisation : « Nous essayons de faire connaître l’esprit de Jésus-Christ envisagé par l’Église catholique à ceux qui ne Le connaissent pas ou plus. Ce qui ne fonctionne absolument pas, c’est de noyer les gens dans une abondance d’informations. Par-dessus tout, nous ne devons pas essayer de les convertir avant tout – dans ce cas, les gens s’enfuiraient. »

ENSEMBLE AUTOUR DE LA BIBLE

Ce qui est également important pour la communauté ecclésiale de l’avenir, c’est la catéchèse initiatique. Nous pensons spontanément aux jeunes enfants qui se préparent à la communion et à la confirmation. Dirk Vannetelbosch constate que c’est une idée étrange : après la confirmation, notre initiation à la foi semble soudainement être terminée. « Comme si nous étions soudainement ‘accomplis’. Je suis heureux que l’intérêt pour la Bible augmente dans notre paroisse. Il arrive encore trop rarement que les gens se réunissent pour lire la Bible et pour en parler. »

La diaconie doit également conserver une place prépondérante dans la paroisse. L’abbé Dirk : « Sans ce service, comment impliquer les personnes âgées, les malades et les moins fortunés dans la communauté ecclésiale locale, et vice versa ? J’exhorte les visiteurs des malades de Jette à ne pas se limiter à apporter une fleur aux gens qu’ils connaissent bien. Il faut aussi que notre lieu d’accueil soit accessible et que les gens y puissent parler et partager leurs soucis. Le café avec des biscuits rend ce service peu plus accueillant. »

Propos recueillis par Louis Defives

Cet article a été publié dans notre revue Marie, médiatrice et reine de décembre 2021.

Les musulmans sont-ils nos frères?

Dans cette rubrique, nous abordons chaque mois un sujet brûlant de la foi. Pour ce numéro, nous avons eu une conversation avec l’écrivain Jonas Slaats sur ce qui relie les chrétiens et les musulmans. Et malgré les clichés, il y a plus que vous ne le pensez.

L’islam a mauvaise réputation. Les musulmans sont souvent rattachés à la même catégorie que les terroristes et les fondamentalistes. Dans les reportages sur l’avancée des Talibans en Afghanistan, à la fin de l’été, Mahomet et ses disciples ont été rapidement montrés du doigt. Et puis, le fossé entre le christianisme et l’islam semble infranchissable.
Le théologien, philosophe et anthropologue Jonas Slaats a les deux pieds dans la tradition chrétienne, mais étudie, depuis des années, les religions orientales. « L’aversion pour l’islam est aussi vieille que l’islam lui-même », dit-il. « Au début du VIIe siècle, Mahomet a commencé à prêcher à La Mecque. Moins de cent ans plus tard, l’islam s’est répandu de l’Espagne au Pakistan actuel et est devenu la religion de ceux qui étaient au pouvoir. Il s’est développé au moment où l’Empire romain et ses vassaux vivaient la décadence. Les dirigeants européens ont vu leurs territoires se rétrécir tandis que cette nouvelle religion semblait s’épanouir par elle-même. »

« L’islam a longtemps été considéré comme une hérésie, dit Slaats. Aux yeux des chrétiens médiévaux, Mahomet n’était pas le fondateur d’une nouvelle religion, mais plutôt une sorte de gourou qui avait guidé ses disciples sur la mauvaise voie. Sur ses entrefaites, le monde occidental a été fortement influencé par l’islam. Il suffit de penser aux cathédrales gothiques, avec leurs élégants arcs en ogives. Ce sont des joyaux de notre architecture chrétienne, mais les médiévaux se sont en fait inspirés du Dôme du Rocher à Jérusalem et d’autres anciens bâtiments islamiques. Dans le domaine de la philosophie, des mathématiques et de l’astronomie, par exemple, l’Occident est également redevable des travaux des savants musulmans. »

Marie au centre du Coran

Quiconque lit le Coran, le livre saint des musulmans, rencontrera de nombreux noms familiers, comme celui d’Ibrahim (Abraham), le prophète à qui Dieu a demandé de sacrifier son fils. La fête islamique du sacrifice rappelle à nous aussi la scène émouvante citée dans le livre de la Genèse. Puis, le personnage de Maryam (Marie) attire notre attention.

« Marie est littéralement le centre du Coran », dit Jonas Slaats. « Une sourate – disons un chapitre – au milieu de ce livre cite son nom. Soit dit en passant, elle est la seule femme mentionnée par son nom. Elle est une figure importante dans la tradition coranique : elle a donné naissance au prophète Jésus, que certains musulmans considèrent comme le Messie. La naissance virginale est un point discuté, ce qui montre l’imbrication séculaire entre les religions juive, chrétienne et islamique. »

Louis Defives

Lire plus? Cet article est paru dans notre revue Marie, médiatrice et reine. Un abonnement annuel ne coûte que 23 €. Vous pouvez également essayer la revue avec un abonnement d’essai. Plus d’informations ici!

Retraite ‘Marie qui défait les noeuds’

L’organisation ‘Marie qui défait les noeuds’ fait une retraite mariale de deux jours à Banneux en novembre. Découvrez les détails ci-dessous!

26 au 28 novembre 2021

« Marie nous invite à déposer à ses pieds nos soucis, nos souffrances, nos douleurs »

« La retraite en confiance » vous est proposée afin de pouvoir  remettre à la Vierge Marie, « Celle qui défait les nœuds », toutes les  difficultés insolubles à vue humaine qui étouffent votre vie:  soucis de famille, de santé, de travail, de logement,  dépendances, etc..

Cette courte retraite est conçue pour achever dans la confiance et avec un soutien spirituel la neuvaine que vous aurez commencée chez vous 8 jours plus tôt. De nombreuses personnes ont été exaucées après cette neuvaine et en ont témoigné.

Ces sessions comportent des temps d’enseignement, d’adoration, d’entretien, avec la possibilité de recevoir le sacrement de réconciliation, et bien sûr d’assister à la messe.

Accordez-vous ce temps privilégié pour vous retrouver, demander, discerner,  vivre une belle expérience de prière communautaire, reprendre des forces et recevoir des pistes de réflexion et d’action pour que les «nœuds» de votre vie se dénouent, peu à peu, grâce à la présence et à l’intercession de Celle qui est notre mère!

Un temps privilégié pour demander, discerner et puiser à la source des sacrements. Un temps unique de ressourcement et de retour sur soi pour choisir d’exercer la miséricorde envers soi et ses proches. Un temps pour poser son fardeau devant Marie qui défait les noeuds.
Un temps d’échange pour être consolé, conseillé, et pour vivre des moments intenses. Un temps de silence pour adorer le Seigneur dans son Eucharistie, et aussi dans sa création.

Chaque retraite est conçue pour achever, dans une démarche de confiance et d’abandon, la neuvaine à Marie qui défait les noeuds 1 commencée, chez soi, 6 jours plus tôt.

Programme*

Vendredi

16 h 30 : Accueil, café, installation
18 h : Méditation du 7ème jour de la neuvaine
19 h : Dîner en commun
20 h : Veillée. Présentation générale de la retraite
Il n’y a pas de messe prévue le vendredi soir.

Samedi

La journée se déroule en silence. Chacun, en s’inscrivant, s’engage donc à vivre ce silence et à le respecter, pour soi et pour les autres.

Matinée
8 h : Petit déjeuner
9 h : Enseignement
11 h 15 : Messe
12 h 30 : Déjeuner

Après-midi
14 h : Le message du Sanctuaire
15 h : Enseignement
Temps personnel
17 h 30 : Oraison à la chapelle
Méditation du 8ème jour de la neuvaine
19 h : Dîner
20 h 30 : Veillée de réconciliation
Adoration du Saint Sacrement.

Dimanche

La journée se déroule en silence jusqu’au déjeuner

Matinée
8 h : Petit déjeuner
9 h : Enseignement
9ème jour de la neuvaine. Procession pour la remise du noeud de
chacun. Consécration à Marie
11 h : Messe
12 h 30 : Déjeuner festif

Après-midi
14 h : Enseignement
15 h : Librairie
16 h : Envoi dans le monde

Les places sont nécessairement limitées. Les inscriptions sont prises dans leur ordre d’arrivée. Ne tardez pas à renvoyer le formulaire. (cf. : verso)

* Des modifications à ce programme peuvent être apportées en fonction des attentes des participants et de la disponibilité des lieux.

Image: Johann Georg Melchior Schmidtner/Wikimedia Commons

Sommes-nous les maîtres de la terre ?

Inondations en Europe, sécheresse extrême dans le Sud : que se passe-t-il ? L’homme en est-il responsable ? Notre rapport à la création est-il toujours correct ? Nous l’avons demandé à Luc Vankrunkelsven, Bruxellois et vrai citoyen du monde, qui a fait de l’écologie son cheval de bataille.

Nous, les humains, avons toujours eu une relation compliquée avec la nature. Dans l’Ancien Testament, un monde peuplé de petits paysans, la création apparaît souvent comme une menace. Il suffit de penser aux catastrophes naturelles – les « fléaux », grâce
auxquels Yahvé libère les Israélites et aux aventures vécues lors de leur chemin vers la Terre Promise. Or, dans la Bible l’homme est intendant : Dieu lui commande de gérer la terre.
« On peut interpréter cette intendance de différentes manières », explique Luc Vankrunkelsven. « Le fait que nous devions prendre soin de l’environnement est un principe noble. Mais dans la pratique, la machine s’est emballée : si la tâche de l’homme était de gérer la terre, il lui est venu l’idée de contrôler la planète. Nous pensons que nous sommes les maîtres, alors qu’en réalité nous sommes nous-mêmes un rouage de cet écosystème. Nous ne connaissons plus notre place, avec toutes les conséquences désastreuses que cela implique. »

Un vieux rêve

Luc Vankrunkelsven est dans son élément quand il s’agit de l’environnement. Bien avant que la question du climat ne soit à l’ordre du jour des dirigeants mondiaux, il écrivait déjà des livres sur ce sujet. Pendant cinq ans, il a vécu alternativement en Belgique et au Brésil, où il a travaillé pour un syndicat qui unissait les fermes familiales.
« Adolescent, j’étais déjà fasciné par la population qu’on appelait les ‘Indiens’, les peuples autochtones d’Amérique du Sud », dit Luc. « À mes 18 ans, j’ai rejoint les Norbertins d’Averbode. Après tout, je savais qu’ils avaient une fondation au Brésil. Mais les choses se sont passées différemment : après mes études, l’Abbé m’a donné un emploi dans notre abbaye. »

Responsable de la maison de retraite d’Averbode, Luc en a profité pour aborder des sujets qui lui tenaient à coeur, comme l’agriculture équitable. C’est ainsi qu’est né, depuis trente ans déjà, Wervel, un mouvement qui s’est engagé pour une vision saine de l’alimentation. Mais en 2000, un vieux rêve est devenu réalité : avec l’approbation de l’Abbé, Luc fut autorisé à aller au Brésil pendant six mois.
« Avec l’aide d’un confrère, j’ai vite appris un peu de portugais, pour pouvoir me rendre plus ou moins compréhensible lors de mes pérégrinations dans cet immense pays », se souvient Luc.
« Dans la capitale Brasília, je me suis retrouvé en pleine manifestation de représentants d’environ 200 peuples indigènes – les ‘Indiens’ que j’admirais quand j’étais enfant – dans la rue pour dénoncer la discrimination : ce fut près de 500 ans après l’invasion des Portugais. C’était une expérience qui m’a vraiment touché. »

Soja brésilien et porcs belges

Cela ne s’est pas arrêté après un seul voyage au Brésil. Depuis lors, le norbertin motivé vit à Bruxelles et il est un conférencier recherché dans les universités et hautes-écoles brésiliennes. Ses livres ont été traduits en portugais. L’un de ses chevaux de bataille est le Cerrado. Cette région naturelle de savane boisée, environ 65 fois plus grande que la Belgique, est menacée par l’évolution de l’industrie du soja.

« À l’heure actuelle, près de la moitié du Cerrado a été défrichée », explique Luc. « Vous pouvez voir des champs de soja à perte de vue. Il en résulte une pénurie d’eau et une grave sécheresse. C’est une catastrophe pour la population locale. Et notre industrie alimentaire en est responsable. Tant que la demande de soja continuera d’augmenter
en Europe et en Chine, le Cerrado va rétrécir. »

Lire plus? Cet article est paru dans notre revue Marie, médiatrice et reine. Un abonnement annuel ne coûte que 23 €. Vous pouvez également essayer la revue avec un abonnement d’essai. Plus d’informations ici!