Marie, souffrante par amour

par Père Jos Van den Bergh, s.m.m.

Comment gérer la souffrance de quelqu’un que vous connaissez bien ?
En ce moment, un de mes proches souffre de plus en plus de « brouillard dans sa tête », ce n’est pour moi plus une question sans engagement. Eh bien, que faites-vous lorsque vous voyez un ami ou un membre de votre famille souffrir ?

Cela va vous arriver : vous êtes emmené au service des urgences parce que quelque chose cloche. Mais vous ne savez pas ce qui se passe. Plusieurs examens se succèdent. Le cerveau bourdonne, comme si une guêpe s’était trompée de direction et continue de tourner dans la tête. Et vous ne pouvez plus penser clairement. On vous demande toutes sortes de choses, mais les réponses ne viennent pas. Vous dites n’importe quoi. Vous vous rendez compte au fond de vous que vous donnez l’impression de ne plus être capable de bien réagir. Il y a un court-circuit quelque part dans la tête…

Un combat intérieur
Cela arrive à tant de personnes qui souffrent d’une forme de déficience cognitive. Et les gens sont vite là pour juger, car un trouble cognitif vous dirige rapidement vers la psychiatrie. Vous, vous menez un combat intérieur, parce que vous ne voulez pas être considéré ainsi. Le terme psychiatrie est encore aujourd’hui perçu négativement et on vous place rapidement dans la catégorie des personnes qui ne peuvent plus se prendre en charge, qui doivent être internées, car elles ne sont plus adaptées à la société ou vice versa.

Cela arrive à tant de personnes. Tant d’hommes et de femmes en font l’expérience, de sorte que beaucoup de personnes y sont impliquées, elles n’ont pas de choix. Lorsque quelqu’un ne se souvient plus du nom d’un être cher ou oublie facilement qu’il a un rendez-vous, il commence rapidement à penser : est-ce que je souffre de la maladie d’Alzheimer ? Ou ai-je les premiers signes de démence ? Et puis la réponse est : peut-être oui, peut-être pas.

L’impuissance ?
On commence à se poser de plus en plus la question du fonctionnement de son cerveau. Le souvenir de personnes qui ne sont plus autonomes ou d’autres qui semblent être absentes alors qu’elles sont assises à côté de vous, vous vient à l’esprit. Peut-être des cas pires encore. Y a-t-il une souffrance plus grande que de tourner en rond dans la tête, réalisant que cela ne va plus ? Vous êtes en train de bourdonner, pensée après pensée dans votre esprit.

Comment réagir lorsqu’un enfant ou un partenaire se recroqueville de douleur ? Que faites-vous lorsque les médecins n’ont pas de solution et que vous-même êtes impuissants ?

Je m’imagine que c’est terrible, même s’il ne s’agit pas de mon cas personnel. Je décris la situation parce que j’y suis confronté. Ce sont de grandes souffrances et comment réagit-on ? Comment les gérer? Comment gérer la mort soudaine d’un frère ou d’une soeur ? Que faire lorsqu’à l’hôpital, après avoir fait des examens, on vous annonce une maladie grave ? Comment réagir lorsqu’un enfant ou un partenaire se recroqueville de douleur ? Que faites-vous lorsque les médecins n’ont pas de solution et que vous-même êtes impuissants ?

Comment Marie a souffert
Pour autant que nous le sachions, le coeur de Marie, la mère de Jésus, a été blessé à plusieurs reprises. Par rapport à elle, les évangélistes citent des situations concrètes semblables à ce qui peut nous arriver à tous. On vient lui dire que l’on se pose des questions par rapport à son fils à l’oeuvre. On dit même qu’Il commence à devenir fou, qu’Il prêche toutes sortes de choses qui font plaisir à beaucoup, mais qui font peur à d’autres.

Il y a de l’agitation à Capharnaüm, où Il se trouve actuellement avec des amis. Marie s’y rend au plus vite car elle veut voir ce qui se passe avec son fils. C’est un si bon garçon, Il a trouvé des amis avec qui il circule en faisant le bien. C’est au moins ce qu’on dit, mais apparemment tout le monde ne le comprend pas. Pourtant, Il ne fait que du bien, et Il a le don de la parole.

De fait, certains sont très mal à l’aise. À cause de son succès, ils perdent l’autorité sur le peuple. Ils préfèrent qu’Il parte au lieu d’arriver. Ils n’aiment pas écouter son fils qui a appris de son père comment se comporter correctement et être honnête, comment interpréter les choses et les faire comprendre aux autres. À la maison, Il écoutait attentivement quand nous parlions de l’histoire de notre peuple.

Persister dans l’amour
Comme vous pouvez le voir, j’essaie de faire preuve d’empathie et d’entrer en contact avec ce que vit une mère qui s’appelle Marie, mais qui traverse ce que vivent de nombreux mères et pères. Qu’est-ce que cela signifie pour nous lorsqu’elle agit et ne reste pas inactive lorsqu’on lui parle de son fils ? Elle part, parce qu’elle veut savoir et voir de ses propres yeux.

Ce que j’apprends de cette mère, Marie, c’est sa persévérance, sa persistance dans l’amour.

Elle veut le serrer dans ses bras et sentir que malgré tout Il va bien. Elle obtient une réponse très difficile et quelque peu brutale de Lui-même lorsqu’Il demande à haute voix : « Qui est ma mère ? » Mais elle l’ignore, parce qu’elle sait ce qu’Il veut dire. Elle réalise aussi que les circonstances ne sont pas faciles pour Lui, et qu’Il doit être un peu fatigué.

Ce que j’apprends de cette mère, Marie, c’est sa persévérance, sa persistance dans l’amour. Quoi qu’il arrive, elle continuera à aimer son fils. Parce qu’elle Le connaît et Lui fait confiance, parce qu’elle arrive à relier ses paroles et ses actes. D’après elle, on ne Le comprend pas. Elle compatit, Il est le sang de son sang. Depuis des années, elle sait qu’il y a bien plus que ce qui est visible aujourd’hui. Elle sent qu’Il fera de grandes choses, elle le savait depuis longtemps, déjà avant sa naissance.

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