« Si la foi est vivante, le reste suivra »

Un moine qui devient évêque, cela n’arrive pas souvent. Lorsque Lode Van Hecke, le père abbé d’Orval, fut nommé évêque de Gand en novembre 2019, les caméras de télévision se sont dirigées sur lui. Lui-même resta calme en apparence, bien qu’il fût inquiet : les adieux de ses frères dans l’abbaye ne seraient-ils pas trop difficiles pour lui ? Mais bientôt un autre problème surgit qui exigea toute l’attention du nouvel évêque. Quelques semaines seulement après l’ordination de Mgr Van Hecke, voilà que le confinement dû àu covid paralysa la vie publique : « Pour de nombreux croyants, la crise de du covid s’est avérée être un moment de vérité. »

Lorsque Lode Van Hecke fut nommé évêque de Gand, le cardinal De Kesel lui conseilla de préserver « son âme de moine ». Il faisait allusion à la vie de l’Abbé Lode Van Hecke pendant 45 ans, moine dans l’abbaye trappiste d’Orval – à l’exception de quelques déplacements à Rome et en Amérique latine. Le moine est-il différent du prêtre moyen ?
Une question difficile, selon Mgr Lode. « Peut-être que mes collaborateurs savent mieux répondre que moi à cela : un moine en tant qu’évêque. Soi-même on n’y fait pas attention. Après tout, ce n’est pas comme si je n’étais que moine. Je suis juste moi-même. »
« Il y a beaucoup de clichés sur la vie monastique, admet-il. On croit, par exemple, que dans une abbaye on est complètement coupé du monde ! Quelqu’un m’a dit qu’il reconnaissait en moi le moine quand je présidais la célébration eucharistique. Il a remarqué que j’attache de l’importance aux moments de silence pendant la célébration. »

COQUILLAGES SUR LA PLAGE

« L’Église fait face à de grands défis. Ma réaction spontanée est souvent de dire aux gens : revenons à l’essentiel au lieu de mettre beaucoup d’énergie dans toutes sortes de structures qui ne fonctionnent plus. C’est peut-être une réaction typique pour un frère ou un père ? » demande Mgr Lode. « À l’âge de 26 ans, j’ai choisi la vie monastique. Quand je suis entré à Orval, j’ai tout laissé derrière moi pour me consacrer à une seule cause : la foi de l’Évangile. Et cela a entraîné que je sois souvent absent de toutes ces discussions sur l’avenir de l’Église.
« Voyez, nous sommes tous fascinés par les coquillages sur la plage. Il y en a même certains qui en construisent toute une collection, et c’est assez fascinant. Mais il n’y a plus de vie dans ces coquilles, elles ne sont rien de plus que des squelettes. Le mollusque lui-même, la créature vivante, en a disparu. Au cours des dernières décennies, nous nous sommes grattés la tête sur les moyens d’amener plus de gens dans l’Église. Alors que : si la foi elle-même est vivante, le reste viendra naturellement. »

Défis : un mot qui revient plusieurs fois dans notre conversation, surtout quand il s’agit de l’avenir de l’Église et de la religion dans nos ré-gions. La période de crise dans laquelle se trouve l’Église rappelle à Mgr Lode l’exil du peuple de Dieu, comme on peut le lire dans l’Ancien Testament : « Les Juifs ont tout perdu. Les choses mêmes auxquelles ils avaient attaché le plus d’importance – leur pays, la royauté, le temple – n’existaient plus. En raison de leur pérégrination à travers le désert, ils ont été forcés de revenir à l’essentiel : la foi de la Bible. »

À UNE TABLE AVEC UN MASQUE

En parlant de crise… Lorsque Lode Van Hecke a été ordonné évêque le 23 février 2020, il avait déjà réfléchi à son engagement. « Nous avions un beau plan », se rappelle-t-il. « Durant dix semaines, je visiterais tous les doyennés de mon diocèse. Et puis la pandémie du coronavirus a éclaté. Parce que personne ne savait combien de temps durerait le confinement, nous avons changé nos plans. J’ai pris beaucoup de temps pour écouter. Tout cela est devenu beaucoup plus personnel et profond. »
« Pendant un certain temps, même célébrer l’Eucharistie n’était plus possible. J’étais un nouveau venu à Gand et, malgré toutes les limitations, je voulais toujours savoir quels étaient les besoins des habitants de notre diocèse. Ainsi, tous les samedis après-midi, en portant un masque je me suis assis à une table dans l’église, attendant ceux qui se présenteraient. Les gens sont venus sponta-nément s’asseoir en face de moi. »


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