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Ouvert à l’avenir

À la fin de ce mois, le 27 novembre, commence l’Avent. Comment pouvons-nous vivre de manière significative cette « période forte » ? Nous l’avons demandé à Carine Devogelaere, sœur Annonciade d’Heverlee. «L’Avent est un moment pour pratiquer l’espérance », écrit-elle.

Quiconque est attentif aux informations d’aujourd’hui, que ce soit dans la presse écrite ou sur le petit écran, découvrira la misère et les souffrances du monde entier. Lorsqu’il s’agit de nous projeter vers l’avenir, nous li-sons et entendons presque exclusivement des scénarii apocalyptiques et l’annonce de catastrophes imminentes. Écologiquement, le monde est sur le point d’atteindre le moment de sa destruction. Politiquement, des choses étranges se produisent lors des élections démocratiques. Les guerres et la violence n’ont pas de fin.
Ce ne sont pas seulement les médias qui nous donnent des messages négatifs. Nous sommes également coupables de relever tout ce qui ne va pas et nous le projetons dans le futur. Les virus menacent notre santé et notre vie sociale. Nous voyons les réfugiés et les demandeurs d’asile comme un problème majeur. Le changement climatique menace notre prospérité. Pour les croyants, le fait que de nombreuses églises se vident est un sombre présage de la disparition de l’Église. Nous sommes tous devenus prophètes d’une seule vision : celle de notre chute et de la victoire du mal.

« C’EST DÉJÀ COMMENCÉ »

Cependant, celui ou celle qui lit les livres des prophètes dans la Bible devra toujours faire face à deux types de visions sur l’avenir. Côte à côte et parfois presque alternativement, les prophètes disent que tout va à la damnation mais aussi que Dieu apportera le salut et le bonheur. Parce que Dieu veut que les gens trouvent la vie. Par conséquent, dans les lectures liturgiques de l’Avent, nous entendons une sélection des visions pleines d’espoir et prometteuses de bonheur du prophète Isaïe. Cette sélection nous conduira à la naissance du Messie.
Isaïe dit : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus aux choses passées. Voici que je vais faire du nouveau qui déjà paraît, ne l’apercevez-vous pas ? » (Is 43, 18-19). Et Jésus dit à ses disciples que le Royaume de Dieu est parmi eux. L’avenir que Dieu nous promet est visible presqu’à chaque page de la Bible. Son Royaume de justice et de paix est annoncé dans des textes explicites, tels que les visions des prophètes qui nous promettent le salut. Et dans les évangiles, Jésus montre, par sa façon d’agir, comment un autre monde est possible.

PRATIQUER L’ESPÉRANCE

Les gens ont besoin d’espérance. Ils aspirent à des mots et à des signes qui leur ouvrent un avenir. Comment se fait-il que ces signes semblent si faibles en nous et autour de nous ? Pourquoi n’atteignent-ils pas le domaine public ? À cause du manque de connaissance ou de notre naïveté ? En tant que croyants, nous sommes appelés à « rendre compte de l’espérance qui est en nous » (1 P 3, 15).
L’Avent est certainement un temps excellent pour pratiquer l’espérance. Chaque jour, prenons un moment pour nous arrêter et essayer de lire, entre les lignes de notre temps, les signes d’un avenir plein d’espérance. Les exemples des autres peuvent nous inspirer.
Dans le livre de la Genèse, nous lisons comment Abraham reçoit de Dieu la promesse d’une nombreuse descendance. Or, sa femme Sara est mé-nopausée depuis longtemps. Même lorsque tout espoir a disparu, « Abraham a continué à espérer et à croire qu’il deviendra le père de nombreuses nations, comme Dieu le lui avait promis : « Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi le père d’une multitude de peuples » (Rm 4,18).

NE BAISSEZ PAS LES BRAS

Dans le livre de l’Exode, nous lisons comment les Israélites sont engagés dans un combat contre les Amalécites pendant que Moïse prie pour qu’ils puissent gagner la bataille. Tant qu’il lève les bras en prière, les Israélites gagnent. Mais c’est une attitude fatigante et le texte raconte : « Tant que Moïse tenait ses bras levés, Israël était le plus fort, quand il les laissait retomber, Amaleq avait l’avantage. » C’est pourquoi deux hommes devaient lui soutenir les bras (Ex 17, 11-13). Cette histoire montre comment les autres peuvent être un soutien pour continuer à espérer et à faire confiance. Ne dit-on pas que celui qui perd courage ou espoir baisse les bras ?
Dans l’Évangile de Luc, nous lisons comment Syméon, un homme âgé de Jérusalem, a vécu toute sa vie dans l’attente de la venue du Messie. Et un jour, le Saint-Esprit lui inspire d’aller au temple. Parce qu’il a appris à regarder les gens avec un regard plein d’espoir, il reconnaît le Sauveur du monde dans le petit enfant que Joseph et Marie apportent (Lc 2, 25-32).

AVEC ET COMME MARIE

Comme Syméon, Marie était une des Juives qui attendaient avec espérance le Messie. Chaque Avent, nous nous souvenons de la façon dont elle a vécu cette attente. Comme aucune autre, elle attendait avec impatience la naissance de Jésus, ‘Emmanuel, Dieu avec nous’. Elisabeth, sa parente, la loue joyeusement parce qu’elle a eu confiance en la réalisation de la promesse de Dieu. Alors Marie chante dans son Magnificat son espérance d’un monde nouveau (Lc 1, 46-55). Dans ce chant d’action de grâce, il devient visible combien Marie est consciente des abus qui existent dans le monde où elle vit. Les Romains occupent le pays. Il y a un fossé entre les riches et les pauvres. Beaucoup de gens ont faim. Mais Marie voit au-delà de tout ce négatif. Elle exprime son espérance et sa confiance en Dieu qui accomplira sa promesse d’un nouvel ordre mondial.
Les informations sur Marie sont rares dans les évangiles. Mais Luc décrit comment, à la naissance de Jésus et plus tard aussi quand elle le trouve dans le temple de Jérusalem, elle garde tout ce qu’elle vit dans son cœur. Là, elle nourrit son espérance, même si cela n’a pas dû être facile. Après la mort de Jésus, nous retrouvons Marie avec les apôtres qui attendent la venue de l’Esprit Saint. Marie reste avec eux comme une présence pleine d’espoir. Car elle avait fait l’expérience de la puissance de l’Esprit de Dieu.

À Noël, nous célébrons comment Dieu vient à nous, comment Il nous ouvre un avenir. Son incarnation et plus encore sa résurrection sont les signes convaincants qu’Il tient sa promesse. La vision de l’avenir qu’Il a ouverte peut alors nous inspirer à vivre avec espérance et confiance dans nos cœurs. Nous remercions Dieu pour tous ceux qui gardent cette espérance éveillée en eux. Qu’ils nous enseignent à voir à quel point est grande l’espérance à laquelle nous sommes appelés.

Sœur Carine Devogelaere

Cet article a été publié dans notre revue Marie, médiatrice et reine de novembre 2022.