Bienvenue au Petit Lourdes

Alors que bon nombre d’églises voient leurs portes cadenassées dans notre milieu, certains lieux de prière expérimentent encore la chaleur et les va-et-vient des pèlerins qui viennent s’y ressourcer et y approfondir leur foi. Dans ces quelques lignes, nous tourneront nos yeux sur ‘Le Petit Lourdes’, un modeste sanctuaire mais attirant se trouvant à Bassenge dans le diocèse de Liège.

Malgré la fermeture des églises à plusieurs endroits, une nouvelle et belle chapelle y a vu le jour. Une interview avec le recteur – qui préfère comme titre « le jardinier » du sanctuaire – le révérend Abbé Lucien Vanstipelen.

Abbé Lucien dans la chapelle du sanctuaire

Mmr : Quelle est l’historique de ce lieu de prière, ‘Le Petit Lourdes’ ?

Abbé Lucien : Le paisible domaine de prière et de paix ‘Le Petit Lourdes’ a vu le jour vers la fin du 19ème siècle. À la mort de Bernadette Soubirous, en 1879, le curé de Bassenge François Nouwen, promoteur de la dévotion à Notre-Dame de Lourdes dans sa paroisse, à qui il attribue une guérison spectaculaire, décide de construire une grotte semblable à celle de Massabielle. En 1895, deux chemins ont été traces dans la colline verdoyante abritant la grotte et 15 chapelles représentant les mystères du Rosaire, puis quelques chapelles de saints y furent ajoutées. En plus du Rosaire, en 1905 un chemin de croix fut érigé dans la colline avec des stations marquées de grandes croix formées de troncs de chêne d’abord, et ensuite construites en briques abritant de remarquables bas-reliefs.

Pour permettre les célébrations eucharistiques au cours des quatre saisons, surtout en hiver et en temps de pluie, la nouvelle et spacieuse chapelle, construite principalement par des bénévoles et grâce à la générosité des fidèles, des entreprises et artisans de la région, fut inaugurée et bénite par l’évêque de Liège, Monseigneur Aloys Jousten, le 1er mai 2008. En 2015, Monseigneur Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, désigne ‘le Petit Lourdes’ comme un des lieux jubilaires de l’Année Sainte de la Miséricorde, initiée par le pape François. À ce titre la chapelle avait reçu une magnifique « Porte de la Miséricorde ».

En 2015, l’évêque désigne le Petit Lourdes comme un des lieux jubiliaires de l’Année Sainte de la Miséricorde

Mmr : Abbé Lucien, comment êtes-vous arrivé ici au sanctuaire, le ‘Petit Lourdes’ ?

Abbé Lucien : Je suis un fils de la région, né et grandi ici à Bassenge. J’ai fait des études de kinésithérapie et j’ai pratiqué cela pendant trois ans. J’ai été aussi conseiller communal, on a monté un groupe de théâtre… Malgré tous ces engagements, la politique et le succès professionnel, au fond de moi-même je n’étais pas satisfait de ma vie.

J’ai été élevé chrétiennement puis, comme beaucoup de jeunes à l’âge de 16-17 ans, j’ai abandonné la religion. Mais plus tard j’ai retrouvé la fraîcheur de l’évangile et j’ai découvert en moi une source, une présence, qui m’orientait vers le Christ proposant un chemin de bonheur. J’ai mis mes pas sur le chemin des béatitudes, et j’ai constaté qu’effectivement c’est un chemin de bonheur ne cherchant pas vouloir être le plus grand, le plus fort, le plus riche, paraître, mais d’être simplement soi-même, pas plus.

La grotte de Lourdes à Bassenge

Mmr : Ensuite vous avez répondu à l’appel du Seigneur.

Abbé Lucien : Oui, j’ai arrêté mon travail de kiné pour devenir séminariste-ouvrier en travaillant avec l’équipe des prêtres-ouvriers à Liège sur les chantiers de construction. Après avoir suivi des cours au séminaire de Namur, j’ai été ordonné prêtre. Au cours des cinq ans de statut de prêtre ouvrier, eut lieu le licenciement de l’entreprise. En voyant mes copains ouvriers licenciés, j’étais fâché et, avec eux, sans être moi-même licencié, j’ai participé à des manifestations. Dans la foulé j’ai déchiré tous mes papiers, l’argent et tout ce que j’avais et j’ai vécu pendant cinq ans comme vagabond, sans le moindre revenu, sans papiers vivant dans une tente, plus tard dans une grotte que j’avais creusée moi-même… des années merveilleuses en pleine nature, hors du bruit du monde.

J’ai vécu pendant cinq ans comme vagabond, sans papiers, en pleine nature

Lucien Vanstipelen

Jusqu’au jour où il n’y eut plus de curé à Bassenge. Les habitants sont venu me trouver et m’ont exprimé leur souhait. Ils avaient décidé d’aller voir l’évêque et l’ordinaire du lieu qui, à leur tour, m’ont appelé. C’est ainsi que j’ai finalement accepté de devenir curé à Bassenge et puis des sept paroisses de la vallée du Geer. Après j’ai demandé de revenir ici au Petit Lourdes où j’œuvre encore actuellement comme « jardinier », un titre que je préfère par rapport à celui de recteur.

Mmr : Quel rôle jouent Marie et la grotte du Petit Lourdes dans la vie des personnes qui affluent ici, surtout pendant cette période pandémique ?

Abbé Lucien : Marie est toujours attirée par les souffrants, les malades et les gens de toute catégorie… Avec sa gentillesse et son sourire elle console les personnes qui arrivent ici humblement. En ce temps de pandémie beaucoup de personnes en quête de paix, de tranquillité, de silence et de réconfort, aiment se retirer dans ce lieu de prière. Au pied de la grotte, les gens viennent offrir à Marie leurs fardeaux, leurs intentions, leurs joies et peines pour qu’elle les présente à son Fils Jésus Christ. Ce lieu, imprégné de plus d’un siècle de prières, dégage un climat de paix et de sérénité.

Au pied de la grotte, les gens viennent offrir à Marie leurs fardeaux, leurs intentions, leurs joies et peines

Tous ceux qui n’ont pas les moyens pour se rendre à Lourdes, en France, viennent prier Marie ici à la grotte de Bassenge. Les archives mentionnent des guérisons inexpliquées. Ce qui est incontestable, c’est que de nombreuses personnes, hier comme aujourd’hui, reçoivent au ‘Petit Lourdes’ un réel réconfort moral, physique et spirituel. Depuis plus de 130 ans, ce modeste sanctuaire marial accueille des fidèles, des promeneurs, des pèlerins…

Mmr : Monsieur le « jardinier » du Petit Lourdes, il y a-t-il un programme des célébrations dans la nouvelle chapelle du sanctuaire?

Abbé Lucien : Chaque semaine il y a des célébrations eucharistiques dans notre chapelle. Nous y célébrons aussi des baptêmes, des mariages, des funérailles… La forte fréquentation de la chapelle en hiver et en temps de pluie, nous a poussé à planifier un agrandissement. Pour matérialiser ce projet, nous avons commencé les travaux en 2021. Actuellement, grâce à son développement, on est plus nombreux à participer aux diverses célébrations.

Que Notre Dame du Petit Lourdes soutienne ceux qui travaillent jour et nuit pour le bon déroulement des activités et des célébrations au sanctuaire marial de Bassenge ; qu’elle nous aide à marcher sur les pas de son Fils Jésus Christ et nous garde dans la paix.
Père Ghislain Kasereka, s.m.m.

Le domaine de la grotte et la chapelle sont accessibles toute l’année (rue Nouwen à Bassenge). Les Amis du Petit Lourdes ont publié un bel ouvrage sur le sanctuaire. Renseignements : lucien.vanstipelen@gmail.com.

Père Ghislain Kasereka et le recteur du sanctuaire, devant la grotte