Il y a exactement 100 ans, le cardinal Mercier demandait aux Montfortains de venir en Belgique pour faire connaître la dévotion mariale du père de Montfort. Il en avait personnellement découvert le bienfait et il tenait à ce que cette dévotion soit davantage connue.
En août 1920 les premiers pères sont arrivés depuis la Hollande, et ils se sont mis au travail à un double niveau. Avec des professeurs d’université et des séminaires ils offrirent aux prêtres et aux intellectuels chrétiens une brochure mariale ; puis, répondant généreusement aux multiples invitations des couvents et paroisses, ils présentèrent dans un langage simple le père de Montfort et sa dévotion mariale. Ils ont fait l’expérience d’un accueil inattendu répondant aux demandes de retraites et récollections partout dans le pays. On leur a aussi demandé d’organiser à leur façon des pèlerinages à Lourdes et à Fatima.
Plus tard, ils ont lancé la revue mariale populaire qui existe toujours, et porte aujourd’hui le titre de Marie, médiatrice et reine. Depuis le secrétariat à Louvain, des bénévoles enthousiastes ont appuyé un mouvement qui était en train de naître partout dans le pays. La deuxième guerre mondiale n’a guère pu freiner l’élan, au contraire, les gens avaient besoin d’un soutien spirituel.
UNE INITIATIVE OSÉE
Après la guerre, la canonisation du grand animateur du mouvement, Louis-Marie Grignion de Montfort, provoqua la percée définitive de l’Apostolat Marial des Montfortains et il est toujours vivant. Or, sur les entrefaites la société a changé profondément. Pour pas mal de gens, Dieu et la religiosité sont devenus de moindre importance. Puis, plusieurs pères animateurs du mouvement ont pris de l’âge, ainsi que pas mal de bons collaborateurs et collaboratrices. Les vocations religieuses et laïques sont devenues rares, l’Église est en train de perdre son élan. Or, malgré les temps difficiles, la revue et les pèlerinages sont toujours vivants et ils sont appréciés. C’est pour nous le moment de poser la question de l’importance de l’Apostolat Marial et de sa mission dans l’Église. D’où une initiative osée.

Aidés par une section théologique de l’université de Louvain, nous nous sommes adressés à des experts en la matière, demandant leur avis. Qu’en est-il de la dévotion mariale ? En ces temps que nous vivons, est-ce que le père de Montfort et sa doctrine peuvent réanimer la foi des chrétiens ? A cause du coronavirus, le colloque prévu au mois de septembre à l’université, ne peut pas avoir lieu, mais les experts ont terminé leur travail. Nous avons réuni leurs recherches dans un livre qui a été présenté à Montaigu au mois de septembre. Il est écrit en néerlandais, mais rassurez-vous, Marie, médiatrice et reine en donnera des échos, car le résultat des recherches des experts nous concerne tous.
LE MOT DU CARDINAL
Le dernier chapitre du livre présente l’étude du cardinal De Kesel. Se référant aux textes du concile et de documents qui l’ont accompagné, il nous rappelle d’abord l’approche nouvelle de la Vierge Marie et de la dévotion mariale en général. En référence à l’ardeur chrétienne qui a baissé, le cardinal attire l’attention sur une autre conviction du même concile en vue d’un renouveau de la foi. Il s’agit d’un appel, récemment renouvelé par le pape François et adressé aux ordres et congrégations, leur demandant de se rappeler les intuitions initiales de leurs fondateurs et leur charisme. En fait, ils ont souvent donné un souffle nouveau au christianisme. Puis, à partir du charisme du père de Montfort, le cardinal évalue les activités des Montfortains dans le pays.
Évoquant l’histoire de l’Apostolat Marial, il remercie les Montfortains pour leurs initiatives et leurs services à l’Église. Il ne cherche pas à nous flatter en déguisant la vérité, au contraire, il lance des défis. Se référant à l’audace du père de Montfort et à son inspiration mariale, Monseigneur De Kesel encourage les jeunes confrères venus en Belgique en tant que vrais missionnaires. L’un d’entre eux vient d’être ordonné prêtre. Il les encourage à oser rêver d’initiatives nouvelles pour rendre service à l’Église.
Père Frans Fabry, directeur
Cet article a été publié dans notre revue Marie, médiatrice et reine d’octobre 2020.